28 déc. 2011

Les points

La vie, c'est un paragraphe.
Il y a des espaces, des virgules, des points de suspension, des points-vigule, pis des points tout court.

Je ne sais pas où j'en suis.

26 déc. 2011

Enfin !

Je m'autorise à annoncer à mes innombrables lecteurs (ceci est à peine une exagération... :P), que j'ai terminé mon tout premier projet, mon tout premier roman. 312 pages de folie, de fausse euphorie, de cannibalisme physique et psychologique... bref, un roman à l'eau de rose...
Ai-je la permission d'être fière ?

23 déc. 2011

On crève

Parfois on regrette, on sent qu’il aurait suffi d’effacer un geste pour que tout aille mieux. Si la vie était emprisonnée dans un ordinateur, on aurait qu’à cliquer sur « précédente ». Simplement. Et tout serait réglé. Notre peine s’envolerait.
Notre stupide peine, totalement insipide, totalement inutile, dont personne ne se soucie. Ou plutôt que personne ne connaît, car bien entendu on ne dit rien. Personne n’est au courant de ce qui a causé cette peine, et de ce qui a causé le bonheur fragile qui l’a précédée. On aimerait qu’un sourire nous rassure, balaye tous nos doutes et ces remords pathétiques qui nous pourrissent la vie. Mais ce sourire n’est pas là, ne viendra pas. Ou s’il vient, il sera imaginaire. Une fabulation destinée à nous sauver la peau mais à nous faire vivre dans le mensonge. Des foutaises.
Impossible. C’est impossible.
On est désolé. On s’excuse. Tout ça dans notre tête, car on a trop honte pour le faire réellement. On n’obtient pas de pardon. Jamais. On noircit, on se racornit. On ne sait pas pourquoi, on n’a pas de vraie raison. Mais on regrette tout, on aime tout, on déteste tout. On prie pour qu’une personne nous entende, cette même personne invisible qui n’existe pas. Qui existe peut-être, lointainement, ou peut-être pas. On ne sait pas. On ne sait foutrement pas. 
Alors on se protège.
On crève. 
  

22 déc. 2011

Malheureusement sans titre

Je suis là, debout, les pensées claires, précises, les sentiments et les émotions limpides. Je vis.

Le vent était effrayé. Il avait fui le monde depuis plusieurs siècles déjà, subitement, brutalement. Les humains s’étaient sentis aspirés, une sorte de vortex les avait attirés vers le néant. Tout était trop vide, trop silencieux, trop immobile. Le ciel aussi avait ravalé ses larmes, craignant le claquement du fouet, la morsure du couteau, le venin de la fiole. Les nuages s’étaient recroquevillés, le soleil ne se montrait que timidement, préférant rester couché sur l’horizon, là où il suffit de quelques secondes pour disparaître. Un glouton avait asséché les mers, engloutissant toute leur eau, toute leur vie, mordant avec cruauté dans les poissons, croquant les algues, avalant le sable fin. Dans le corps de ce glouton, sans doute, le poison avait dilué toute l’eau jusqu’à la dernière goutte, la polluant de tout ce qui est noir sur cette Terre. Ainsi, dans ce monde, tout appartenait aux ténèbres. Elles s’étaient approprié la vie, non pas en la détruisant, mais en la contaminant, en modifiant les poumons, les estomacs, les foies, les cœurs, les âmes, en altérant le sang, en souillant les chairs. De la pureté il n’en restait plus une trace, pas même la plus infime et la plus discrète. Les ténèbres possédaient des espions partout, dans chaque recoin, chaque anfractuosité, chaque vallon, chaque montagne, chaque prairie, chaque ville, chaque maison, chaque rivière, chaque flaque d’eau, chaque goutte de pluie… Elles avaient aussi établi leur empire dans les rêves, les cauchemars, les amours, les chagrins, les colères, les amertumes, les haines, les adulations… Elles pourrissaient chaque culte, croyance, foi, espoir. Elles écumaient même sur les ruines d’âme, le seuil de la pensée, les poussières du subconscient, le reliquat des cœurs, les gravats des baisers, les vestiges du souffle. Elles enfonçaient leurs serres partout, crachaient leurs serviteurs qui, docilement, tels des robots, des monstres, exécutaient les ordres de leurs maîtresses, s’appliquant à planter leur drapeau dans le sol, à raser la nature, à défricher la beauté, à faucher les sourires. Je voyais tout cela impuissamment, appréhendant l’heure ou la seconde où je serais aussi noyée dans le flot.
Les ténèbres versaient dans leur flacon, leur royaume, leur propre amour, un amour inhumain, distordu, crasseux, putride, toxique, stérile… Oui, elles le laissaient couler avec un plaisir ostentatoire et ineffablement malsain. Impossible de les comprendre, elles étaient les reines de la dissimulation. Leurs desseins restaient secrets, cachés, fermés sous clé dans un coffre-fort, enterré dans les abysses de l’univers. Chaque coffre s’ouvrait sur un autre, éternellement, sans que celui qui contînt véritablement le trésor – le trésor ? – ne s’ouvrît jamais. Leurs projets étaient des toiles d’araignée, indémêlables, inextricables. Leurs objectifs étaient encore plus obscurs, plus sombres, que celles qui les dirigeaient ; même la plus aiguë de toutes les presciences n’aurait pu percer son voile d’encre.

 Je suis là, debout. Je vois, je respire. J’ai peur. Je vis.

Mais ces ténèbres, personne ne les apercevaient jamais. Elles étaient encore plus subtiles et encore plus prudentes que la vie qui subsistait, s’évertuant à n’agir que sous une chape fourbe qui les confondait avec le morne paysage. Elles ne faisaient aucun son, n’exhalaient aucune odeur ; elles étaient le Vide. Le Rien. Et pourtant elles étaient là, puissantes, insaisissables, opérant dans l’invisibilité ; et pourtant l’issue de leurs interventions étaient toujours le même, grandiloquente et dévastatrice, tangible, encore plus aveuglante que le soleil fuyant. Une issue inéluctable. Comment éviter une chose totalement hors de notre contrôle, imperceptible de surcroît… invincible ? Comment se détourner de la fatalité, ou détourner la fatalité de nous ?

Je suis là, étendue sur un tapis d’herbe. L’herbe est desséchée, morte, mais moi je suis toujours vivante. Je résiste. Me rebelle. Ou plutôt j’attends la foudre.

 Dans ce monde éphémère, où chaque jour était une procession mortuaire, où chaque année était un cortège funèbre, où chaque manifestation de vie était un suicide, comment se soustraire au destin ? Les âmes étaient des proies et les cœurs des festins, la noirceur se travestissait en blancheur pour agrandir ses rangs et épanouir les roses de sa corruption.
Elles étaient malignes, les ténèbres, et rusées, et perfides, et maléfiques, elles étaient le Mal, nocives et habiles. Non pas assassines, mais voleuses. Des brigandes talentueuses et raffinées, la crème du pillage, la fleur du maraudage. Des gloutonnes.
Le plus effrayant était leur indéchiffrable anonymat. Elles étaient inconnues. Totalement inconnues. On les appelait les ténèbres car il fallait bien les nommer, ces reines ombreuses. L’univers était leur hôte, il les hébergeait même contre son gré. Oui, il fallait absolument nommer ces choses qui dérobaient tout. Elles qui répandaient la presque-mort, il fallait à tout prix leur donner un nom.
Mais qui étaient-elles vraiment ?
Savez-vous qui sont-elles, ces ténèbres ?
Savez-vous… que veulent-elles ?

Je suis la seule survivante.
Une fragile prescience me souffle que je serai moi aussi bientôt pervertie. C’est de bon augure… le mystère me sera enfin révélé.
Les jours passent et le noir m’épargne.
Peut-être que les ténèbres ne me voient pas, peut-être qu’elles m’ont oubliée…
Mais… un instant !
Si je ne suis pas engloutie, c’est peut-être que, les ténèbres… c’est moi !


p.s : Si vous avez une suggestion de titre, n'hésitez pas à m'en faire part :)

 

20 déc. 2011

Pensée soudaine

Si je pouvais encadrer l'amour et le suspendre devant mes yeux pour l'éternité, je le ferais.
Mais il se sauve et se débat, je ne peux pas le saisir.
Tant pis.

16 déc. 2011

Profanation

Pour aller avec le poème "Innocence condamnée" de ce cher Johan :)

 
La première fois que j’assistai à la cruauté de l’homme, j’étais toujours ingénue, et innocente. Aucune souffrance, aucune monstruosité ne m’avait violée, n’avait déchiré l’hymen de mon âme. Ma candeur était reconnue par mon entourage ; ma famille et mes amis me savaient pure et ne juraient que par la chasteté de mon esprit. J’accordais moi-même toute ma confiance et toutes mes espérances en mon avenir. Aucun criminel, aucun rustre n’osait s’en prendre à moi. Certains craignaient la colère de Dieu, mais la plupart possédaient simplement encore assez de conscience pour frissonner à l’idée de souiller les perles de mon cœur. Les plus sélectifs dans leurs méfaits étaient horrifiés à la perspective de me toucher, moi, la plus blanche des innocentes. D’autres – ceux-là étaient plus rares – me répugnaient ouvertement. Ils étaient dégoûtés par le parfum de ma pureté, par la propreté de mon regard et du reflet qui s’imprimait sur mes prunelles. Sotte que j’étais, je ne voyais pas dans leurs yeux à eux le désir d’arracher un à un les pétales de mon cœur. D’autres brûlaient littéralement de me déraciner de mon cocon immaculé. Mais pour une raison que je méconnaissais et méconnais toujours, ils ne concrétisaient jamais cette envie viscérale et instinctive de m’emporter dans leurs ténèbres. Ils me fuyaient par abstinence plutôt que par peur, réprimant leur soif de destruction, la voracité cannibalesque qui leur asséchait la gorge et le cœur. Je me demande comment ils font pour se complaire dans la déchéance, comment leur amour de la douleur peut faire battre leur cœur de plaisir. Je rechigne ici à écrire « bonheur », car peuvent-ils vraiment être épanouis, alors qu’ils ne sont que gangrène et corruption ?


p.s : Ceci est l'extrait d'un roman que j'ai récemment commencé à écrire.


11 déc. 2011

Encore une autre

Comme l'indique le titre, encore une autre question existentielle...
Est-ce que le bonheur d'une personne cause automatiquement le malheur d'une autre ?
Voici de quoi me creuser la tête pendant une (vingt) heures.

9 déc. 2011

Une fleur


Cette nuit-là, je vis entre deux brises glacées les meurtrissures d’une fleur fanée. La tige frêle garnie d’une corolle flétrie vacillait faiblement aux soubresauts qui agitaient le vent. Dérobés par ses perpétuels caprices, emprisonnés dans l’écrin meurtrier d’une tour, les pétales mourants, abandonnés, succombaient à la soif de parfum qui les suppliciait même dans leurs rêves. Le cœur de la fleur, dénudé et frissonnant, endurait la torture des siècles que lui imposait l’écoulement sans fin du sablier. Ce fruit vidé de son nectar, désormais dépouillé de passion, cette beauté belliqueuse, s’altérait inéluctablement vers les ténèbres gourmandes qui ouvraient voracement la gueule.
Un spasme secoua l’atmosphère. La tige se cassa, la fleur dépossédée tomba délicatement sur le tapis de rosée. Les insectes affamées, grouillants de curiosité et d’appétit, rompirent leur errance et se nichèrent contre ce cœur vulnérable, offert aux turpitudes de l’avenir. Ils se nourrirent des ruines de son faste, s’abreuvèrent du fluide ensanglanté propulsé dans ses veines par la dérisoire mais courageuse ambition de survie.
Au-delà, dans la tour, les parures volées à leur âme se mouraient douloureusement. Des cicatrices écarlates zébraient le flux de leurs dernières énergies, la pénombre de la prison les contraignait à blêmir jusqu’à ressembler à un spectre. La noirceur avide posait ses lèvres sur leur corps affaibli, l’enjôlant d’un baiser fourbe et s’emparant de leur souffle soumis. L’obscurité gavée enfla, devint lourde, écrasante. Son poids astreignait leurs captives à une servitude absolue envers la Mort.
Chaque fois qu’un insecte fugitif, mendiant une maigre pitance qui lui assurerait la pérennité, passait devant le cœur agonisant, il s’y arrêtait et se recueillait devant ce qu’il prenait pour le tombeau de la beauté. Ils entendaient un chant sépulcral, éthéré, qui vagabondait dans la brise, et pensaient obtenir les remerciements de celle pour qui ils se prosternaient. En réalité, cette douce berceuse, expiration d’un désespoir moribond, était la complainte, l’ultime supplique d’une âme chagrine signant par les notes l’œuvre écourtée de son existence. Et les insectes émerveillés poursuivaient leur chemin, rassasiés mais inconscients de la triste pleureuse qu’ils laissaient derrière eux.
Dans l’étreinte de l’encre, les pétales aspiraient impuissamment, contre leur gré, des gorgées de ténèbres, se noyant dans ses milliers de corbeaux barbares. Le temps s’égrenait mais rien d’autre que la déréliction ne frappait la potence. La corde enroulée autour de cous graciles se resserrait chaque jour, chaque nuit, comprimant les gorges, freinant la course affolée des hurlements, revendicateurs de leur destinée. Le bourreau n’avait pourtant ni scrupule ni pitié, ni même l’ombre d’une âme. Il ne se mouvait que par les ordres de l’envoûtante faucheuse.
La gangrène s’appropria du cœur. Elle gravit les marches de son amour, semant pièges et obstacles sur son passage, elle escalada les monts de sa passion, posant dans ses anfractuosités bombes et toxines, elle grimpa sur ses donjons d’espoir, y jetant mensonges et hypocrisies. Le cœur rongé par la lèpre, enlaidi par la déchéance de son tortionnaire, martyrisé par le fouet de sa réalité, commença à se désintégrer. Des morceaux se disséminèrent en poussières grises, se joignant au clan nomade du vent. Sa tige s’amollit, fondit dans les richesses inaccessibles du sol.
Pris dans l’étau assassin de leur cachot, les pétales fermèrent les yeux, usèrent leur dernier souffle dans un serment envers l’âme maîtresse qu’ils avaient quittée depuis une éternité déjà. À la merci de la noirceur, leur bourrelle, ils se turent, sereins, paisibles. Ils entendirent l’air affligé de leur souverain qui leur offrit la faveur d’une réponse. Sous eux, des mains invisibles tirèrent la trappe. Les valets du cimetière, impassibles – des masques de cire, rien de plus – contemplèrent le corps enlacer son âme, et ensuite s’en séparer. C’était terminé.
Le cœur acheva de se décomposer. Quand chacune des poussières fut absorbée par le sol, il exhala de son lit de mort un imperceptible chuchotis, qui devint plus tard le père d’une petite pousse. Lorsque l’enfant s’épanouit et déploya le panache de sa beauté, deux nuages de brume survinrent de directions opposées. L’un palpitait faiblement, le visage avarié, et l’autre traînait derrière lui un long foulard noir. Les deux nuages, épuisés, s’étendirent sur cette jolie fleur, cette Morphée appelant au sommeil. Durant leurs songes, ils s’unirent dans une osmose décadente, vibrante, qui les enivra de bonheur. Au levé de jour, ils remarquèrent qu’ils étaient soudés l’un à l’autre.
Ils se reconnurent.
Ensemble, ils chantèrent, et la jeune fleur joignit sa voix à la leur.
Et, sur le lit de leur enfant, les deux âmes couchèrent leur avenir.   

5 déc. 2011

Cannibalesque

Pensée du jour, et non la moindre :
Les âmes sont des cannibales.
Non ?

2 déc. 2011

Moment vert

Tous les Québécois ont certainement déjà entendu la chanson "Plus Rien" des Cowboys Fringants. Tous les Québécois l'ont-ils comprise ? Humm... Si chaque personne pouvait mesurer l'impact de la pollution, du mode capitaliste, sur la Terre, si tout le monde pouvait la respecter, faire un petit effort pour sauvegarder l'humanité, peut-être qu'il se passerait enfin quelque chose de bien... pour notre maison à tous, notre planète. Écolo ou pas, prenez un moment pour écouter cette chanson, reflet de la réalité et d'un futur qui, je l'espère, ne se réalisera jamais...