31 oct. 2011

Que le sang soit plus rouge

BloodRed Moon wallpaper from Other wallpapers

J’aurais aimé que la prairie soit plus verte, que le ciel soit plus bleu, que la neige soit plus blanche, que la nuit soit plus noire et que le sang soit plus rouge. J’aurais aimé que la peur soit moins effrayante, que la tristesse soit moins accablante, que la douleur soit moins cruelle et que le bonheur soit moins enivrant. J’aurais aimé que les sourires soient plus sincères, que les pleurs soient plus profonds, que les cris soient plus tranchants et que la colère soit plus destructrice. J’aurais aimé que les carrés soient plus ronds, que les flèches soient moins pointues, que les courbes soient moins douces. J’aurais aimé que ton souffle soit plus pur, que ton cœur soit moins dur, que ton âme soit plus légère. J’aurais aimé que les diamants soient moins précieux, que le rubis soit plus profond, que l'émeraude soit plus verte. J’aurais aimé que le vert soit plus prairie, que le bleu soit plus ciel, que le blanc soit plus neige, que le noir soit plus nuit et que le rouge soit plus sang.
Pourquoi suis-je toujours si insatisfaite ?

26 oct. 2011

Dissemblances

Il pleure. Affligé. Un vrai dépressif. Son visage se modifie, ses traits se détruisent. La pluie. Des larmes comme des lames.
Il rit. Hilare. Un vrai enfant. Son rire éclate, résonne. Échos dans une grotte. Échos dans le ciel. Le bonheur qui se réverbère.
Il est. Imposant. Un vrai témoin. Les sens qui inspectent. Des gardiens. Toucher, sentir. Respirer. Une tache dans une foule.
Il n’est pas là. Absent. Un vrai voyageur. Son âme est une silhouette qui danse, écartant doucement les fils éthérés. Fermer les yeux. Sommeil éveillé.
Il est immobile. Figé. Une vraie statue. Ses muscles se tendent, son corps bouillonne. Pourtant il s’abstient. Lutter. Se battre contre le désir.
Il court. Libre. Un vrai fugitif. Son cœur hurle. Félicité. Encore plus. Ses jambes le propulsent. Il s’en va loin, il file. Toujours plus loin.
Il est gentil. Adorable. Un vrai ange. Une lumière en guise de manteau. Des mains qui s’ouvrent. Des offrandes.
Il est méchant. Hideux. Un vrai démon. Une plaie comme une ombre. Du sang comme passé, une fosse comme futur. Un cimetière.
Il rêve. Ailleurs. Un vrai dormeur. Les images folles se bousculent. Les espoirs éphémères se fardent de rose. La perfection.
Il cauchemarde. Sous-terre. Un vrai tourmenté. Les épées qui s’entrechoquent. Le ventre qui s’ouvre. Une apocalypse menteuse.
Il donne la vie. Généreux. Un vrai père. Ses bras comme un berceau. Des doigts minuscules. Une ivresse qui dure.
Il tue. Monstre. Un vrai cannibale. Ses bras comme une arme. Des mains qui étranglent. Il a soif, il a faim. Une vengeance qui grise.
Il pense. Intelligent. Un vrai philosophe. Des petits points sur un écran. Les idées arrivent et repartent. Quelque chose d’invisible. Secrets.
Il ne pense pas. Inerte. Un vrai paresseux. Un esprit asséché. Désert ou abysses. Des insectes qui grugent les sens.
Il touche. Charnel. Un vrai pervers. Effleurements. Viol. La culpabilité qui grandit. Le remord. L’alerte d’une faute.
Il ne touche pas. Respectueux. Un vrai gentilhomme. Courtoisie. Un peur qui se déguise. Manque. Toujours réprimer.
Il grimpe. Glorieux. Un vrai vainqueur. Le triomphe près du soleil. Un drapeau. Le symbole du conquérant. Peut-être courageux. Ou téméraire.
Il descend. Craintif. Un vrai lâche. L’audace trop timide. Rougissements. Le public qui pouffe. L’échelle qui s’enfonce.
Il aime. Tendre. Un vrai humain. Baisers sensibles. Contact fragile, trop de douceur. Il tient une poupée. Morceaux de porcelaine.
Il n’aime pas. Cruel. Un vrai animal. Faiblesse ou solitude. Le vide ou la haine. L’absence est profonde comme un gouffre.
Il est entouré. Sociable. Un vrai ami. Les cadeaux s’échangent. La fête frissonne. Agréables moments. Un partage. Ou un vol.
Il est seul. Marginal. Un vrai ermite. Un miroir comme compagnie. Solitude. Prison. Les barreaux sont robustes. Tromper les vigiles.
Il s’amuse. Frivole. Un vrai fêtard. Des couleurs. Des lumières. Les plaisirs, l’allégresse, les délices. Les lèvres sont des sourires.
Il s’ennuie. Las. Un vrai blasé. D’une personne ou du bonheur. Le temps est une vie. Mort tardive. Trouver la patience. Attendre.
Il envie. Jaloux. Un vrai pécheur. Falsifications. Duperies. Laideur honteuse derrière le faste. Haine de soi. La soie est exquise.
Il dédaigne. Confiant. Un vrai bourgeois. Torse bombé comme assurance. Lèvres pincées comme vanité. Ganté d’arrogance.
Il règne. Fier. Un vrai souverain. Le roi sur son trône. Le fouet dans la main. Éclat de diamant. Caprices et extravagances.
Il sert. Soumis. Un vrai esclave. Des loques comme peau. La dignité dans un trou. Des marques qui suintent. Le sang des veines.
Il vit. Palpitant. Un vrai homme. Son souffle qui flotte. Suspendu. Renouvelable. Un cœur qui se bat, des papillons qui gigotent.
Il meurt. Agonisant. Un vrai vieillard. Tout se crispe. Une odeur de pourriture qui s’en vient. Un ombre descendant les marches. Une porte.
Il est un homme.
Il existe
Il ne peut pas ne pas exister.
Là est la fin des dissemblances.


15 octobre 2011 - 16 octobre 2011

23 oct. 2011

Fourmillements

Des fourmis.

Des centaines et des centaines de fourmis.
Elles grouillent, leurs minuscules pattes remuent et ça m’irrite. J’ai envie de les piétiner puis ensuite d’essuyer la semelle de mes chaussures sur la moquette, mais ça aurait été malpropre. Elles ne sont pas normales. Elles sont à moitié transparentes, certaines clignotent et d’autres s’assombrissent comme si elles se cachent dans une flaque d’ombre. Je les trouve grossièrement mesquines, et impolies. Leur intrusion m’importune. Je ne peux pas m’empêcher de les fixer ostensiblement, en espérant qu’ainsi le regard de mon interlocuteur s’y porte et les fasse disparaître, mais non, ledit interlocuteur se contente de me dévisager, moi. Mon attention est à ce point concentrée sur les fourmis que je me demande qui est cet homme, assis devant moi, dans ma cuisine.
Suis-je vraiment dans ma cuisine ? Non, bien sûr que non. C’est la sienne. Tout y est si délabré, si sale, que jamais je ne pourrais y vivre. Ce n’est pas un milieu sain. Alors pourquoi les fourmis m’ont-elles suivie ? Je me demande si l’homme s’indignera de leur effronterie. Peut-être penserait-il que c’est moi qui les ai apportées ici. S’il m’accuse d’une telle chose, je pars sur-le-champ, sans même lui fournir une explication. Premièrement parce qu’il n’y en a pas, et deuxièmement parce que je m’efforce sans cesse de les repousser le plus loin possible. Je m’offusquerais, mais je ne dirais pas un mot.
L’homme continue de me dévisager, sans grands yeux de poisson restent immobiles sur ma personne. Je me sens mal à l’aise, son jugement dépose une couche de moiteur sur ma peau. J’ai envie de m’asperger d’eau et de décoller cette sueur tiède et crasseuse. Ma peau me démange. Et les fourmis grouillent toujours, leurs pattes bougent frénétiquement. Pourquoi ne sont-elles pas plus loin ? À ce rythme, elles devraient déjà avoir trouvé un trou par où s’enfuir, et être rendues à l’extérieur, dans la nature restreinte de la cour. Pourtant elles sont encore là, elles avancent mais elles demeurent au même point. Pour me narguer. Impuissante face à ces centaines de petits points noirs, impuissante face à cet homme aux yeux globuleux, je me crispe sur ma chaise, je me fige en bloc, attendant que le malaise passe. Que les fourmis s’en aillent. Des clous maintiennent mon dos contre le dossier, une masse incroyablement lourde compresse mes fesses sur la chaise. Je suis clouée. Mon Dieu, je suis clouée. Et soudainement, les fourmis bougent vraiment, elles s’approchent. J’ignore pourquoi, mais j’ai l’impression qu’elles rampent, comme des serpents. Elles sinuent sur le plancher, dans la poussière poisseuse qui recouvre le sol, et elles escaladent mes pieds, grimpent sur mes jambes. L’ascension de mes genoux débute. Je suis paralysée. L’homme se lève, détache sa braguette. Il urine. Sur moi. Le liquide chaud coule sur mon visage. Les fourmis s’en délectent, elles engraissent au point de devenir obèses. Leur brusque lourdeur tire sur mes membres, pourtant je reste là. Stigmatisée. Je suis une statue. Une statue maculée d’urine, de sueur, des pattes qui me chatouillent et me rendent hystérique. L’urine est inodore. Un instant. Il n’y a pas d’urine. Je suis sèche. Non, c’est impossible. Je la sens, sur ma peau, qui sèche et qui refroidit. Elle forme une pellicule semi-transparente, tel un infect bas de nylon. Je regarde l’homme, et je constate qu’il est assis. Une tache mouillée souille son pantalon. Je me force à regarder à ses pieds, et j’y vois une flaque jaune qui s’élargit. Sur qui a-t-il uriné ? Sur lui ou sur moi ?
Pendant ce temps les fourmis grimpent toujours sur mon corps. Elles s’infiltrent sous mes vêtements, perverses, elles me chatouillent et mes violent. Elles contournent ma poitrine, d’autres s’écrasent sous mes seins. Elles restent là, elles se décomposent, elles fondent. Les autres montent, montent toujours plus haut. Mon cou, mon menton. Mes lèvres. Je serre les lèvres, je serre les dents, je tente même de serrer mes narines. Mes paupières s’abaissent. Hermétique. Je dois être le plus hermétique possible. Des pattes frôlent la peau sensible de mes lèvres. Je sens une décharge dans mon corps, qui me secoue férocement. Un choc électrique. Un spasme, une contraction. Quelque chose qui est le contraire de l’immobilité. Puis je rouvre brusquement les yeux, et je respire. Mon Dieu, où est l’air ? Où sont les fourmis ? Seigneur, béni sois-tu ! Elles sont parties.
Le liquide sur ma peau n’est pas de l’urine, mais bien de la sueur. Il y en a tant qu’elle dégoutte, elle coule sur mon front, dans mon cou, sur mon échine, entre mes orteils, dans le pli de mes genoux. Il y a bien une odeur désagréable, mais c’est la pointe de pizza putréfiée, laissée là sur le comptoir. L’homme aux yeux de poisson me fixe intensément. Chaque personne est différente, alors impossible de déterminer s’il est curieux, dégoûté, ou effrayé. Ses yeux sont trop inhumains pour que je puisse distinguer leur expression. Je me sens faible, vidée. Sale. Et je suis soulagée, de la même façon qu’un malade qui se sent soudainement bien, et qui peut enfin se reposer. Je rougis, honteuse. Une chaleur cuisante gagne mes joues. Les pompiers. Il faut appeler les pompiers. Pourtant je me contente de me redresser, de tourner le dos le plus vite possible à cet homme, et de courir vers la sortie. Personne ne me suit. Pas même une seule minable fourmi à la con.
J’inhale des goulées d’air, rescapée de la noyade. Les passants me regardent, certains me croient folle, d’autres simplement paniquée. Ils ont tous raison. L’air frais me fait du bien. Il me vivifie. Il me purifie des fourmis, de leurs pattes baladeuses, de l’urine, de la sueur, du viol. Il me purifie de mon propre cerveau. Il chasse l’hallucination, loin, il l’éloigne en même temps que la poussière et la pollution.
Mais les fourmis sont des boomerangs. Elles reviendront bientôt à la charge. Pour l’instant, je vais aller me reposer. M’étendre dans un lit, fermer les yeux, et dormir profondément. Je rêverai. Et je sais déjà à quoi.
Devinez.
Les fourmis.

 

12 oct. 2011

Question existentielle

Récemment je me suis posée une question, à laquelle je ne pourrai malheureusement jamais donner de réponse. Est-ce que tout le monde déteste quelqu'un ? Parfois, je me dis que oui, mais que la haine peut être inconsciente. Mais je pense à mon propre cas, et si l'on me demandait si je détestais quelqu'un présentement, je répondrais que non. Pourtant... je dois bien haïr, non ? Dans la vie, on aime et on déteste. On ne peut pas qu'aimer il faut le juste équilibre des choses. Sauf que la haine déséquilibre... pas vrai ? Plus j'y songe, moins je ne comprends.
Il est peut-être temps que je fasse une pause de questions existentielles.

* Je vous laisse avec une photo du penseur de Rodin. Personnellement, je ne me place jamais comme ça quand je pense. Mais bon...


5 oct. 2011

Bons à rien (texte haineux et fictif à l'égard de tout le monde)

Parfois, j'aime me mettre dans la peau d'une personne qui n'a pas toute sa raison, ou encore dans la peau d'un monstre violeur et assassin. Bref, dans la peau de personnes que nous avons l'habitude de craindre, de ne pas comprendre, ou de détester. C'est une vraie passion.
Dans ce cas-ci, c'est la lettre d'une personne qui se hait et qui hait l'univers entier. C'est écrit d'une manière bizarre, presque incohérente. Pourtant j'ai pris un plaisir fou à rédiger ce texte. Fou, je vous dis.

Je suis une bonne à rien. Détestez-moi. Je me déteste. Je vous aime. Non, je vous déteste. Qui suis-je ? Que suis-je ? Je suis une bonne à rien. Tuez-moi. Enterrez-moi. Ne parlez plus jamais de moi. De toute façon vous ne le voulez pas. Vous vous en fichez. Mourrez. Mourrez tous, autant que vous êtes, et laissez-moi pourrir dans ma tombe pendant que le bon Dieu la piétine. Vous puez tous, vous n’êtes qu’immondices vivants. Seigneur, vous me donnez des nausées ! Je vous vomirais dessus si j’étais assez immonde moi-même pour m’abaisser à un tel acte. Je suis immonde. Je veux m’arracher le cœur, le déchirer, le mordre, le recracher, le mordre, l’avaler. Je veux vous arracher le cœur. Je veux vous le faire déchirer, mordre, recracher, mordre, avaler. Je veux que tous les cœurs disparaissent. Vous n’existeriez plus. Je n’existerais plus. Plus rien n’existerait. Je suis une bonne à rien. Vous êtes des bons à rien.
Taisez-vous, cessez de penser, de réfléchir. Ça ne mène à rien. Vous n’êtes rien. Je vous ai dit de vous taire ! Vous voulez que je vous coupe la langue aussi ? Que je plante mes ongles dans vos yeux ? Que je vous endorme de force en faisant exploser votre tête contre ma tête ? Ce serait bien, on ? Comme ça vos têtes et ma tête exploseraient. Il y aurait des monticules de morceaux de crâne, de matière grise, de la cervelle broyée, du sang. Plein de sang. Du sang partout sur l’univers. L’univers. Quel bon à rien. Le bon Dieu. Quel idiot. Pourquoi créer les hommes et les laisser s’entretuer ? Le bon Dieu les regarde, j’en suis certaine, comme s’il regardait un fascinant spectacle. Les gladiateurs de toujours. Les cannibales de toujours. L’homme, c’est ça. Je suis ça. Je suis une bonne à rien.
Tuez-vous tous. Je me tuerais. Le suicide, ce serait un cadeau pour notre âme. Oui, rejoignons les rangs des suicidés ! Non, pire ! Qu’on prépare l’échafaud ! Qu’on dresse le bûcher ! Qu’on fasse appelle aux bons services du bourreau ! Oh, cher bourreau, n’oubliez pas votre arme à feu. N’oubliez pas que vous devez vous tuer vous-même. Faites feu ! Faites feu ! Oh ! Regardez ces corps grotesques qui se tortillent, qui se convulsent au rythme de leur supplice ! Riez de ces pantins absurdes et pathétiques qui dansent leur mort alors que le cou délicat s’étire et que… Oh ! Tiens, les voilà qui s’immobilisent. Ils sont morts. Je suis morte. Allez en Enfer. Vous êtes des bons à rien. Je suis une bonne à rien.
Allons donc tous en Enfer, bons à rien que nous sommes.

4 octobre 2011

3 oct. 2011

Lettre sur une nuit infernale

Cette nuit, l’Enfer m’a rendu visite. Je ne m’y attendais pas. Ensommeillé, je me tournais et me retournais dans mon lit, l’œil mi-clos, quêtant à Morphée le repos. Il me semblait que mon matelas était encore plus dur et inconfortable qu’à l’accoutumée. On eut dit qu’il avait été rembourré d’une infinité de petits cailloux. Une sueur chaude et épaisse ruisselait sur ma peau, insidieuse, voulant accentuer ma Déraison. Peu à peu, la Sensation se troubla, puis devint celle de milliers de Serpents grouillant dans mon corps. J’en devins maniaque, me grattant avec les ongles pour les chasser. Je me frappais, les frappais, sans que cela ne changeât quoi que ce soit. Je tentais de les étouffer en m’enroulant dans mes draps, puis je ne fis plus un geste. Peu à peu, la Sensation me quitta. Mais un autre Mal entreprit de me torturer. D’abord une Pensée floue, puis ensuite une Pensée atroce, sinueuse, vile et envahissante. Elle ne cessait de me marteler le crâne. Elle chassait les dernières gouttes d’entendement de mon Âme, pour les remplacer par la vision de l’enfer. Non, pas l’enfer. L’Enfer. Le vrai. Le cruel. Celui qui suinte de Sang corrompu et qui est bruyant de hurlements à vous fendre l’Âme, celui-là même qui projette sempiternellement ses flammes de lave. Elles me brûlaient. J’avais l’impression que l’on me transperçait d’une lame ardente et que mon Sang se répandait sur la planète entière. Il inondait des maisons, noyait des Innocents, engloutissait des îles entières, pour ne former qu’une mer d’une immensité écarlate. C’était affreux. Dieu, perché sur un nuage qui lui aussi serait bientôt immergé, m’admonestait et me répétait sans cesse mes Erreurs, toutes ces choses horribles qui auraient dû m’arriver plutôt qu’aux autres. Cet impitoyable mais bon Dieu, ce Dieu miséricordieux, qui refusait de pardonner mes Actes immondes. Ce Dieu qui avait pardonné tant de Monstres et tant d’Horreurs m’évinçait de ce cercle privilégié. Je le détestais. Lucifer, nu, caressé et léché par tant de Femmes sales et affreuses, m’appelait. Sa voix résonnait, comme dans un tunnel infiniment long. Elle se perdait dans les gémissements des Femmes et leurs cris de bonheur malsain. Elle était grave, enjôleuse, et m’invitait à le rejoindre. J’étais dégoûté. Il pleuvait sur ma tête une pluie blanchâtre et visqueuse. Maintenant, même Lucifer hurlait sa félicité. Les Femmes continuaient de le toucher et de lui lacérer le dos avec leurs interminables ongles noirs. La pluie cessa. Mais la vision de l’Enfer perdurait, immuable, jusqu’à me donner envie de mourir. En revanche il me fallait vivre, sinon je rejoindrais cet Homme rouge dans les Caveaux de la Terre, qui me pervertirais encore plus et qui me soumettrait à des Actes charnels dégoûtants. Je ne serais plus seulement un Monstre sans Âme ni pitié, je serais aussi une Créature dépravée. Et Dieu ne ferait plus que m’invectiver, il m’abhorrait.
Je me rappelle avoir hurlé ma Détresse. À partir de ce moment, l’Enfer disparut de ma tête. Les relents de feu, de Sang et de désir s’estompèrent brusquement. C’était comme un songe. Quand je me « réveillai », j’étais nu, enroulé dans mon drap imprégné de sueur, et recroquevillé contre le mur. L’oreiller, déchiré, s’éparpillait sur le sol en multiples lambeaux. Ma peau était lacérée. Un labyrinthe rouge et douloureux sillonnait mes bras, ma poitrine et mes jambes. Mes ongles étaient rouges de Sang. Et puis ma tête était lourde, d’une lourdeur pénible et fatigante. Je tremblais. Les Serpents qui me recouvraient quelques minutes (ou heures, je ne saurais le dire) plus tôt, ne grouillaient plus, mais me mordaient. Oh ! comme j’avais mal. Une Souffrance me dévorait de l’intérieur et de l’extérieur.
Depuis cette nuit, je rêve à l’Enfer chaque fois que je m’endors, et je me dis que là-bas même les démons auraient pitié de mes crimes. Oui, ils auraient pitié de la bête que je suis devenu.
Ils préféreraient me laisser vivre éternellement dans ma mort que m’épargner le soulagement de n’être plus rien.

1 oct. 2011

La mia missione

Je suis follement amoureuse de l'Italie (bien que je n'y ais jamais posé les pieds), et de la langue italienne.
Dans mon petit bout de pays, la plupart des gens n'écoutent que de la musique américaine, comme s'il n'y avait rien d'autre ailleurs. J'étais comme ça, aussi, avant. Je me contentais d'écouter ce que j'entendais à la radio. Puis j'ai découvert un fantastique artiste qui s'appelle Paolo Meneguzzi, et qui a totalement changé ma vision de la musique. Depuis ce temps, je télécharge de tous les styles, de tous les pays. J'ai des chansons arabes, norvégiennes, turques, allemandes, française, coréennes, italiennes... Pour moi, le simple fait que la langue me soit inconnue est un charme. Les nouvelles sonorités ajoutent un petit quelque chose à la musique, un petit quelque chose que nous ne comprenons pas mais que nous adorons. La langue chantée change absolument tout à une mélodie.
Aujourd'hui, par contre, je tiens à vous faire découvrir mon cher Paolo Meneguzzi. Il est né en Suisse en 1976, et son tout premier single, Aria Ario,est sorti en 1996. Il chante en espagnol, italien et français, et compose lui-même, avec une collaboration avec d'autres artistes, ses chansons.
"La mia missione", ma chanson préférée, fait partie de son plus récent album paru en 2010, Mi Ami.
La voix de Paolo est bouleversante, intense, profonde. Je n'avais pas le choix de l'aimer.