La première fois que j’assistai à la cruauté de l’homme, j’étais toujours ingénue, et innocente. Aucune souffrance, aucune monstruosité ne m’avait violée, n’avait déchiré l’hymen de mon âme. Ma candeur était reconnue par mon entourage ; ma famille et mes amis me savaient pure et ne juraient que par la chasteté de mon esprit. J’accordais moi-même toute ma confiance et toutes mes espérances en mon avenir. Aucun criminel, aucun rustre n’osait s’en prendre à moi. Certains craignaient la colère de Dieu, mais la plupart possédaient simplement encore assez de conscience pour frissonner à l’idée de souiller les perles de mon cœur. Les plus sélectifs dans leurs méfaits étaient horrifiés à la perspective de me toucher, moi, la plus blanche des innocentes. D’autres – ceux-là étaient plus rares – me répugnaient ouvertement. Ils étaient dégoûtés par le parfum de ma pureté, par la propreté de mon regard et du reflet qui s’imprimait sur mes prunelles. Sotte que j’étais, je ne voyais pas dans leurs yeux à eux le désir d’arracher un à un les pétales de mon cœur. D’autres brûlaient littéralement de me déraciner de mon cocon immaculé. Mais pour une raison que je méconnaissais et méconnais toujours, ils ne concrétisaient jamais cette envie viscérale et instinctive de m’emporter dans leurs ténèbres. Ils me fuyaient par abstinence plutôt que par peur, réprimant leur soif de destruction, la voracité cannibalesque qui leur asséchait la gorge et le cœur. Je me demande comment ils font pour se complaire dans la déchéance, comment leur amour de la douleur peut faire battre leur cœur de plaisir. Je rechigne ici à écrire « bonheur », car peuvent-ils vraiment être épanouis, alors qu’ils ne sont que gangrène et corruption ?
1 commentaire:
effectivement Julie la folle nous sommes au diapason de l'identique des émotions
J'aime cela je l'avoue
Continue d'écrire Julie la Folle
Tu as en toi le feu sacré
Johan à sa chère Julie la folle des "Amériques"
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