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5 janv. 2014

Retour, homme et compagnie

D'abord, veuillez pardonner ma sempiternelle procrastination qui me tient éloignée de ce damné blogue. Quoique, je dois vous admettre qu'il ne s'agit pas uniquement de procrastination, mais aussi de manque de temps, car il m'est arrivée plusieurs choses ces derniers mois.
D'abord, étrangement, je n'ai jamais aussi peu lu de toute ma sainte existence. Au moins, quelqu'un m'a initiée à Lovecraft, alors on va dire que ça compense largement. Parce que Lovecraft, ô mon maître, m'a fait découvrir un nouveau pan d'un genre littéraire que je connaissais peu, et m'a permis d'élargir ma propre imagination.
Maintenant, il est temps d'expliquer les raisons pour lesquelles je vous ai fui (ahah, mais non, c'est pas vrai).
Alors, fait positif, j'ai écris. J'avais d'abord prévu recommencer complètement un projet datant de l'année dernière, la Doctrine de plastique. Mais, en relisant les 35 000 mots déjà écrits, j'ai réalisé que c'était bon. Et je vous jure que pour une perfectionniste qui recherche encore plus que la perfection, c'est un événement assez exceptionnel. Après quelques légères modifications et une phase de remaniement, j'ai donc poursuivi le travail de la bête. Extase totale. En plus de ce projet, je rédige présentement une nouvelle et, bien sûr, je ne délaisse pas ma très chère poésie.  
Aussi, j'ai été vachement occupée avec ma famille, depuis que nous avons pris la résolution de nous voir et de nous amuser ensemble plus souvent. On peut donc dire que mon absence était pour une bonne cause, à moins que vous considériez que ma famille est envahissante et diabolique (euh?). Et puis il y a un scoop qui s'appelle Mathieu et qui justifie pleinement mon absence de la blogosphère. Bon, vous aurez compris qu'il s'agit là d'une nouvelle relation de cœur qui m'a comme qui dirait redirigée vers d'autres priorités. C'est d'ailleurs cette personne qui m'a aidée à écrire davantage dernièrement. Il faut croire que côtoyer un artiste un peu dingue est un bon coup pour l'inspiration, surtout quand on souffre de dysfonction érec imaginative. Je suis très heureuse ces temps-ci et, dans mon cas, le bonheur ne me donne pas envie d'aller glandouiller sur Internet. Surtout qu'il faut que je lutte pour vaincre ma diantre de procrastination abusive. L'ordinateur n'est assurément pas un remède contre cette atroce maladie.
Bon, je sais que ces nouvelles ne sont pas les plus palpitantes du monde, mais après une absence aussi longue, je vous devais bien des explications ! Je vous reviendrai prochainement avec quelque chose de plus intéressant, promis. Je vais vous parler d'un truc qui me tarabuste depuis trois bonnes éternités au moins, et je ne dis pas cela pour vous intriguer ou pour vous faire languir, je ne suis pas aussi cruelle (enfin...).
Sur ce, je vous souhaite un peu un retard une excellente nouvelle année. Et si vous prenez des résolutions, de grâce, cette fois-ci, réalisez-les ;)
 

6 sept. 2013

Prologue

Comme cela fait longtemps que j'en parle, j'ai pensé à exhiber sur la place publique (hum...) le prologue des Portraits inachevés, dont je vous harcèle depuis quelques temps déjà.
Le reste, vous le lirez... quand ce sera le temps, ce qui reste d'être assez long compte tenu de ma lenteur exagérée à imprimer mon manuscrit et à "faire le grand saut" (j'espère qu'il ne s'agira pas d'un suicide...) Je profite de l'occasion pour vous demander de me donner un petit coup de pied au cul et d'agir une bonne fois pour toute. Sur ce...

Prologue

S’il devait y avoir des fantômes dans la grande maison d’Abigail, ils y seraient certainement nombreux. Il y aurait d’abord la fameuse aïeule de la propriétaire, Liliane, hideuse marâtre tuée par un mari furieux. Les excuses minables de l’époux avaient survécu aux décennies, et on se souvenait encore du moment où il avait clamé, tel un innocent devant l’échafaud, qu’il « voulait juste violenter un peu cette pauvre folle ». Venait ensuite Octave, grand idiot dégingandé, qui avait avalé un poison à rats par inadvertance dans un recoin sombre des cuisines. Sans doute la petite Béatrice n’était-elle guère mieux en terme d’intelligence, elle qui avait provoqué le molosse des voisins jusqu’à se faire déchiqueter la gorge. Le sage et le doux Isidore serait sans conteste le spectre le plus calme, souvenir translucide d’un homme tuberculeux étendu sur son lit, toussant ses derniers souffles de vie. Il ne fallait pas oublier les jumeaux mort-nés, horriblement malformés, et leur mère, Clarisse, malheureuse femme dont l’époux avait convolé trois mois plus tôt avec une voluptueuse étrangère. Grace rejoignait la triste Clarisse esseulée, Grace qui était elle aussi morte en couches en mettant au monde un adorable bambin du nom de Blanche. Le fantôme le plus jeune serait justement cette Blanche, disparue à quatorze ans au pied de l’escalier de la tour centrale.

Les esprits de quatre générations vagabonderaient dans la même maison, chacun préférant ses couloirs et ses pièces, chacun rêvassant aux lointains jours de vie. La terrifiante Liliane protégerait sans doute jalousement son territoire, grognant et griffant ceux qui tenteraient de s’y infiltrer. Octave s’agenouillerait devant le pot de mort-aux-rats en se demandant pourquoi il était mort et pourquoi il ne pouvait plus ni sentir ni goûter les plats si savoureux de sa grosse tante. Béatrice errerait dehors, distraitement assise sur la clôture séparant la lande des cours voisines, grimaçant aux chiens dans l’espoir de se venger de leur cruauté. On entendrait les toussotements spectraux d’Isidore au bout des corridors, silhouette cherchant une âme à consoler, une peine à écouter. Clarisse pleurerait dans la chambre où elle était décédée, regardant avec désarroi et affliction les minuscules corps atrophiés de ses enfants qui vagissaient. Les gens se demanderaient où disparaissaient les draps blancs des penderies, et ce serait Grace qui les emprunterait pour en tapisser le berceau de son bébé. Les marches dans la tour craqueraient mélancoliquement au pas nostalgique de la jeune Blanche, dont les fredonnements s’évaporeraient par les fenêtres entrouvertes.

Mais les fantômes, n’est-ce pas, ne sont que le fruit des esprits troublés, ainsi n’existent-ils pas. Dans ce cas, pourquoi des pas s’impriment-ils dans la poussière là où personne n’a mis les pieds depuis des années ? Pourquoi, à l’approche des anciens appartements de l’acariâtre Liliane, entend-on des sortes de grincements de dents ? Pourquoi les draps blancs dans les penderies se froissent-ils durant la nuit ? Pourquoi les petits gâteaux se retrouvent-ils dans ce racoin enténébré de la cuisine, là où flotte une odeur de poison ? Pourquoi des sanglots résonnent-ils entre les murs alors que personne n’a mal ? Pourquoi y a-t-il toujours un malade quelque part qui crache ses poumons ? Pourquoi les chiens rôdent-ils près de la lande, les babines retroussées, attendant une victime à mordre ?

Pourquoi entrevoit-on l’éclat d’une robe vaporeuse dans l’escalier de la tour centrale, si les fantômes n’existent pas ?  

2 juil. 2013

De la part d'un rêve

Quand j'ai commencé la rédaction des Portraits Inachevés, je ne savais strictement rien de ce que je m'apprêtais à écrire. En fait, si ce n'avait été de ce rêve, une nuit, je ne me serais peut-être jamais lancée dans cette entreprise.
Au beau milieu de la nuit, je me suis réveillée avec une phrase très précise à l'esprit. Oui, une phrase. Je me suis empressée de la noter et, le lendemain, je l'enrobais déjà d'un texte. Lequel texte est devenu un premier chapitre, puis un deuxième, puis un roman.
 
C'était un édifice osseux, avec des couloirs grisâtres et tordus comme de vieilles articulations, éclairé de lampes qui frémissaient d'une lueur funèbre.
 
Je n'ai aucune mérite pour cette phrase, je dois plutôt remercier mon subconscient de me l'avoir transmise, même si c'était dans un moment où j'aurais préféré dormir. Quoique.
J'ai cousu le décor de l'histoire autour de cette phrase, et le décor m'a inspiré des personnages. Qui pourrait bien vivre dans une telle maison ? m'étais-je demandé. Ainsi sont apparus Alice, Ophélie, Blair, Casimir, Guillaume, Abigail et le petit Henri. Certains sont partis au fil de l'histoire, d'autre ont cogné à la porte. Théodore et les deux petits intrus se sont greffés aux fantômes de la maison. Mais ces personnages, que faisaient-ils ensemble, eux si différents, eux sans famille sauf cette femme glacée qui les guettait ?

Aimable petit cadeau de la part d'un rêve.

31 mars 2013

Du gras autour de l'os

Quand, en pleine révision d'un projet, on constate qu'il faudrait ajouter deux ou trois chapitres au fil du roman pour que ce soit complet, ce n'est pas décourageant. C'est fantastique. Lorsque j'ai terminé de transcrire mes Portraits sur Word, j'ai été tellement triste d'avoir déjà découvert tout ce que j'avais à découvrir sur mes personnages que ça me rendait un peu maussade. Quoi, déjà fini ? Mes pauvres personnages, déjà exploités à leur plein potentiel ? Ah ah ! mais non, j'avais tort.
Il y a quelques jours j'ai réalisé qu'il fallait ajouter du gras autour de l'os. Ce projet comporte sept personnages, et ils sont tous d'une importance capitale. Je me suis rendue compte que certains de ces personnages avaient eu moins de place que les autres. Dans ce cas, le roman est incomplet, puisqu'il consiste surtout en l'évolution psychologique des personnages suite aux nombreux "incidents" qui surviennent. De plus, la fin a moins l'impact. Puisque trois des personnages sont restés en surface, comment être touché par leur dernier acte dans le roman ? C'est en découvrant ceci que j'ai compris qu'il fallait absolument me remettre à la tâche. Je craignais d'éprouver de la difficulté à retrouver mon rythme d'écriture, et j'avais aussi peur que l'ambiance ne soit pas la même. Mais, au bout d'un paragraphe, le charme a repris, puissant, inspirant. Plus de travail ? Tant mieux. Travailler, quand il s'agit d'écriture, ce n'est vraiment pas une corvée.
Je me courbe le dos au-dessus de mon bureau, je me tords la main sur le papier, et j'écris, le soir, éclairée par cette lampe défaillante perchée dans le coin de la pièce. Je me fends la crâne, je modifie mes chapitres, je détecte les bons endroits où il faut ajouter du gras, je gribouille des notes sans queue ni tête, je placarde mon babillard d'indications vagues ; bref, je travaille. Je vous donnerai des nouvelles plus tard. Un jour, vous aurez un résumé, promis :) 

15 mars 2013

Les Portraits Inachevés

Enfin !
Laissez-moi d'abord m'excuser pour mon absence prolongée. Il faut dire que j'étais quelque peu occupée, pour le meilleur et pour le pire.
Attendez le scandale, c'est abominable.
Bon, voilà, j'ai ENCORE une fois... changé de projet. Non, non, ne dites rien. Ce n'est pas de ma faute. D'ailleurs, je me suis rendue compte que dès que j'évoquais un projet ici, une semaine plus tard, il était complètement abandonné. J'ai donc conclu que c'était une sorte de malédiction du blog et que je ne devais plus jamais parler de quoi que ce soit à moins d'être ABSOLUMENT certaine de le terminer. Voilà pourquoi je n'ai jamais parlé des Portraits Inachevés, en quelque sorte par superstition.
Je me permets aujourd'hui d'en parler parce que ce projet est définitivement terminé. Écrit à la main (une première pour moi) du 23 février au 13 mars, sans un jour d'interruption.
Résultat : Décès de trois stylos Bic et de ma main droite, mutilée par les longues heures d'écriture consécutives.
Au départ, j'ài commencé à écrire à la main parce que les écrans, même à luminosité minimale, me décapitaient la vue et me flanquaient des migraines atroces. Mais j'avais une idée (de génie) à écrire. La solution n'était pas très compliquée, après tout nous avons tous appris à écrire avec un crayon, n'est-ce pas. J'étais découragée à l'idée de me fouler le poignet et de prendre une éternité à écrire une seule page, mais finalement, après quelques jours, je me suis rendue compte que ce n'était pas si pire et que, même, je restais inspirée plus longtemps et qu'il m'était moins pénible de me botter le derrière et d'écrire à chaque jour. Finalement, ce fut un bon investissement, j'ai en somme sauvé beaucoup de temps qu'autrement j'aurais perdu.
Maintenant, causons de la bête.
Je suis pitoyable lorsqu'il s'agit de résumer un projet, et même si je me force, je suis pitoyable quand même. Alors n'attendez pas de moi un résumé, mes condoléances. Je vous en parlerez fort probablement en temps et lieu lorsque je serai frappée par la foudre.
Mon projet, en somme, est une petite chose qui a rempli deux cahiers de 81 pages (oui, 81 précisément), pour une moyenne de 360 mots par page, calculés selon la bonne vieille méthode, c'est-à-dire sans l'aide d'un programme miraculeusement automatisé. J'en suis rendue à tout transcrire sur Word. Tâche pénible, ma foi. Je m'étais habituée à ne pas faire de fautes de frappes (avec un crayon, ce serait assez difficle, avouez-le), et je réalise que c'est fichtrement énervant de s'infliger un torticolis en tournant sans cesse la tête pour fouiller la page et essayer de retrouver où j'étais rendue. Cela dit, je ne me plains pas (même si ça ne parait pas.)
Parce que je suis fière et que terminer un projet inspire un sentiment merveilleux d'accomplissement. Satisfaction, donc.
Non, plus que ça.
Satisfaction !!!!!!!!
Voici donc mes nouvelles écrivainoises du moment, et l'explication de mon absence prolongée, qui aurait pu laisser supposer que j'étais morte ou kidnappée par quelque créature spectrale. (Légère exagération de ma part.)
Dès que j'aurai peaufiné mon prologue, je vous en montrerai peut-être un extrait, si ça vous intéresse. Mais pour l'heure, je savoure en attendant de réellement travailler sur la bête.

18 janv. 2013

Je me déteste. Ou peut-être pas.

Voilà. Il y a moins d'un mois, je disais ici-même à quel point mon projet des Mal-Doués avançait et à quel point j'avais confiance en ce projet.
Aujourd'hui, j'ai, pour la à peu près centième fois de ma vie, arrêté toute cette histoire pour en commencer une autre. Hainte totale envers moi-même.
Mais.
Il se trouve que j'ai bien fait. Parce que j'ai commencé un nouveau truc, sorti de nulle part (en fait, d'un rêve étrange que j'ai fait à l'hôpital et du roman Dorian Gray), et il se trouve que ledit truc avance à une vitesse folle. J'écris quelque chose comme 3000 mots par jour, et là encore, je produirais plus si j'avais le temps. Ça s'appelle La Doctrine de plastique. Je n'en révélerai pas grand-chose, à part que ça implique une "école de vie" où des Professeurs enseignent une doctrine basée sur l'objéification de l'être humain. Ne cherchez pas le mot "objéification" dans le dictionnaire, c'est moi qui l'ai inventé. Pour le reste, je me tais.
Même si je suis un peu déçue d'avoir cessé l'écriture des Mal-Doués, je me console en me disant que c'est pour une bonne cause. Mon projet présent en est environ au tiers, en deux semaines seulement. En gros, adieu la culpabilité.
Et bonjour l'esclavage du clavier.

6 déc. 2012

Les Mal-Doués

Les Mal-Doués : titre de mon nouveau projet, pas si nouveau que ça.
C'est une histoire qui me trotte dans la tête depuis des années, cinq ans exactement. J'en ai écris cinq versions et j'en suis présentement à la sixième. Bon sang. Je ne m'en lasse pas. De toute ma vie, c'est la seule histoire qui ne m'a jamais abandonnée, qui a continué de grandir et de progresser, d'évoluer, de faire peau neuve. La seule qui me donne le courage de continuer.
Je persévère. Je sens que cette fois-ci, c'est la bonne. C'est une impression difficile à décrire, mais qui se ressens profondément, en plein dans mes tripes. Une sensation puissante qui me dit que je suis capable, que je vais réussir. Pour une fois, j'y crois vraiment. Habituellement, dès que je commence un nouveau projet, ma première pensée est : "Bon, combien de mots encore avant que je l'abandonne ?".
Pensée très pessimiste, j'en conviens. Mes projets qui sont destinés à être terminés sont très rares. Il s'agit en quelque sorte d'une loterie d'écriture, bien que ce ne soit certainement pas une question de hasard.
Je me sens immensément bien depuis que j'ai acquis la certitude de finaliser quelque chose. J'en suis à 9000 mots, et ça avance rapidement, de jour en jour. À ce rythme-là, ça ne tardera pas. C'est fou comme la simple idée de savoir qu'on est capable et de voir ses personnages évoluer en même temps que nous rend heureux.
Je réalise que je suis très contente d'avoir une passion.
Et que cette passion soit l'écriture.

1 nov. 2012

Coupez en deux l'enfant qui vit

Qu'est-ce qui m'inspire ?
Le roman que j'écris présentement est le résultat de rêves, portraits, illustrations, sculptures, musiques, citations, romans... vus, lus et écoutés ces derniers mois.
Je me suis dit que ce serait une bonne idée de vous montrer certaines sources d'inspirations, celles qui ont le plus influencer le déroulement de mon roman.
Commencons par le début : le titre.
J'ai changé de titre plusieurs fois. D'abord Le Vitrail, ensuite Coule le sang sur un vitrail, puis L'Enfant du monstre, jusqu'à découvrir, comme par magie, LE titre.
Coupez en deux l'enfant qui vit.
D'où ça sort ?
De la Bible.
Je vous offre un extrait, trouvé sur Wikipédia, qui explique la nature de cette phrase macabre.

"La grande scène située en-dessous a pour thème le jugement de Salomon (1er Livre des Rois, 3, 16-28) : Alors deux femmes prostituées vinrent chez le roi, et se présentèrent devant lui. Les deux femmes ayant accouché à quelques jours de différence, un des enfants vint à mourir. Chacune des femmes déclare que l'enfant survivant est le sien. Le roi dit alors Apportez-moi une épée ... Coupez en deux l'enfant qui vit, et donnez-en la moitié à l'une et la moitié à l'autre. Un soldat prend l'enfant et tire son épée pour partager l'enfant. La vraie mère se prosterne alors devant le roi et lui dit Ah ! mon seigneur, donnez-lui l'enfant qui vit, et ne le faites point mourir. Mais l'autre dit : Il ne sera ni à moi ni à toi : coupez-le !. Le roi prit alors la parole : Donnez à la première l'enfant qui vit, et ne le faites point mourir. C'est elle qui est sa mère."

Le contexte n'a rien à voir avec ce que j'écris. Mais la fameuse phrase, prise individuellement, englobe une grande partie de l'intrigue.
Comment suis-je tombée là-dessus ?
Je n'en ai aucune espèce d'idée.
Mais je suis fichtrement contente. J'ai mon titre !

26 déc. 2011

Enfin !

Je m'autorise à annoncer à mes innombrables lecteurs (ceci est à peine une exagération... :P), que j'ai terminé mon tout premier projet, mon tout premier roman. 312 pages de folie, de fausse euphorie, de cannibalisme physique et psychologique... bref, un roman à l'eau de rose...
Ai-je la permission d'être fière ?

6 nov. 2011

Un train, des rails, la folie

Récemment, j'ai commencé à écrire une sorte de longue nouvelle, basée sur un rêve que j'ai fait il y a très, très longtemps. Quand j'avais à peu près 10 ans, figurez-vous.
L'histoire (Un train, des rails, la folie) tourne autour de la folie, thème qui me fascine et que j'adore manier dans mon écriture. J'ai pensé poster les quelques premiers chapitres, pour voir ce que vous en pensez.
Le premier fera un post plutôt long, mais ça se lit plutôt vite. C'est du moins l'impression que j'ai eu en le relisant !

À rien n’y comprendre
     
1.
Vous la connaissez ?
La folie. Moi je la connais. Elle est collée à mon âme, siamoise, tel un appendice. Je suis bien comme ça. Nous sommes de grandes amies, même si parfois sa présence m’horripile. Elle est bien gentille, mais il lui arrive de n’en faire qu’à sa tête, sans même demander mon accord. Peut-être sait-elle que je suis peu permissive, et qu’elle préfère jouer la rebelle plutôt que l’obéissante écolière. Oui, ça doit être ça. Quand ça arrive, je croise les bras, la moue boudeuse. Je me ferme du monde, j’attends. Un homme à la jambe de bois fume un cigare en fixant l’horloge grand-mère. C’est toujours comme ça, lorsque je dois attendre. J’imagine que d’autres personnes qui ont la folie pour amie se voient plutôt dans une salle d’attente chez le médecin, ou encore loin derrière la file indienne. Moi, c’est l’homme au cigare que je vois. Je le connais bien, lui aussi. Il ne fait pas grand-chose, sauf fumer. Il est patient. Enfin, je pense, puisqu’il reste là devant l’horloge, sans jamais esquisser le moindre geste. Il a l’air serein. J’aimerais parfois être comme lui. Je l’envie.
Quand la folie se calme, je me calme aussi, car de toute façon je n’ai pas le choix, je deviens si faible. Je vous l’ai dit : c’est ma siamoise. Elle aspire toute mon énergie et la garde égoïstement pour elle. Si c’était une vraie enfant avec un corps, ses parents la puniraient, c’est certain. Elle se ferait donner la fessée et elle irait dans sa chambre, elle serait privée de dessert. Sauf qu’elle ne resterait pas sagement assise sur son lit, les bras croisés, à attendre que la punition soit levée. Elle partirait en catimini par la fenêtre et elle s’évaderait dans les bois, juste pour donner la frousse à ses parents. Quand elle entendrait les sirènes de police et que les pleurs de sa mère iraient jusqu’à ses oreilles, elle reviendrait, un grand sourire éclairant son visage espiègle. Elle dirait « poisson d’avril », même si la date ne serait pas le 1er avril. Je pense qu’elle n’est pas seulement moqueuse, je pense qu’elle est vicieuse. Une couleuvre ou une vipère. Un serpent. Quelque chose de détestable, de furtif et de fondamentalement mesquin.
Je la connais comme le fond de ma poche, la folie. De temps en temps, je lui parle, et je peux anticiper sa réponse. Elle est presque toujours narquoise. Ce n’est pas une amie très sérieuse. Elle ne me prend ni ne se prend au sérieux. Elle est encore plus gamine que moi. Pourtant je l’aime bien. Sans elle, je ne serais plus rien. Je perdrais tout. Mes organes vitaux seraient en deux, mon cerveau aussi, mes jambes, mes doigts, mes orteils, mes bras, mon nombril. Tout. Je serais une demi-personne. Un demi-cadavre. Elle, elle vivrait toujours. Elle vit dans un tas de personnes. Elle se réincarne partout, en tout temps. Autant dans des humains que des animaux ou des poissons. Les arbres sont vivants, alors peut-être qu’ils peuvent avoir une amie folie, eux aussi. Peut-être que c’est pour ça que mon amie se sent si invincible. Elle sait qu’elle ne mourra jamais. C’est une immortelle. Elle a tout vu, elle verra tout. Elle peut tout se permettre. Rien ne l’atteint. C’est elle qui nous atteint. Elle connait ses forces autant que ses faiblesses, elle connait mes forces autant que mes faiblesses. Elle profite des deux. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que moi aussi je lui vole certaines choses. Je tire son énergie à petite dose, sans qu’elle ne s’en rende compte.
Je me demande toujours si c’est elle qui est une extension de moi, ou si c’est moi qui suis une extension d’elle. Ça varie sans doute de jour en jour. Ou bien nous nous complétons, tout simplement. Par contre, je suis ne suis pas certaine de cette hypothèse. Il y a toujours l’une de nous deux qui règne sur l’autre. Personne n’est égal. Surtout pas quand il s’agit de la folie. Elle nous affaiblit ou nous renforce. C’est notre amie ou notre ennemie. Des fois, les deux en même temps. C’est mon cas, et c’est le cas de millions d’autres personnes.
Elle me punit régulièrement, pour toutes sortes de raison. Elle me punit lorsque je suis trop heureuse, lorsque je pleure, lorsque j’ai fait une bêtise, où lorsque j’ai eu le culot de m’endormir avant elle. Elle me châtie en insérant dans ma tête et dans mon corps des hallucinations. Ce ne sont pas que des images ou des sensations, c’est la réalité. Les hallucinations font partie de ma vie, de mes nuits et de mes journées. Elles ont une odeur, une texture, une voix, une apparence. Elles sont en trois dimensions. Tout autour de moi. Mon monde. À partir du moment où elles existent dans ma tête, elles sont réelles. C’est ainsi que je vois les choses. Pourquoi serait-ce irréel ? Qui a décidé que ce qui était seulement vu ou entendu par une seule personne était imaginaire ? Pourquoi chaque personne n’aurait-elle pas sa propre réalité ? C’est pour cette raison que je dis que mes hallucinations arrivent vraiment. Elles influent sur qui je suis, sur mes pensées et mes actions. Elles restent dans ma mémoire, leurs effluves adhèrent dans mes narines, leur température scelle sur ma peau la sueur ou les frissons, les images remplacent le noir de mes pupilles. C’est réel. Vous ne pouvez pas me dire que ce n’est pas réel. Vous ne pouvez pas. L’irréel est un mensonge. Les mensonges sont des faux-semblants. Tout est hypocrisie, même la vérité. La folie profite de mes croyances pour me faire tomber dans des hallucinations affreuses et pénibles. Ça la fait énormément rire, surtout quand je me mets à pleurer. Elle rit encore plus, elle se tient les côtes, ses yeux coulent, se bouche grande ouverte me vole toute l’oxygène. 
Une fois, à cause de l’un de ces caprices sauvages, j’ai faillis mourir. Elle avait lancé un monstre à ma poursuite. La gueule du monstre était énorme et béante, sa salive brûlante comme la lave dégoulinait sur son sillage, des centaines de crocs affûtés perçaient ses gencives noirâtres. Sa peau rugueuse était couverte de pustules toxiques, aussi toxiques que son haleine. Ses trente pattes velues, sa queue massue et ses deux cornes fissurées étaient des armes mortelles. Je courais dans la jungle, le plus vite que mes jambes me le permettaient. À mesure que j’avançais, l’engourdissement me gagnait, je ne sentais plus mes pieds. Les plantes exotiques m’agrippaient les chevilles, les arbres au tronc immense se mettaient en travers de mon chemin, la canopée s’écartait pour laisser tomber la pluie sur ma tête. Le monstre m’avait rattrapée. Une trappe s’était ouverte sous mes pieds, j’avais atterri dans un gouffre effroyablement profond. C’était ce gouffre qui m’avait sauvée, car une fois au fond, j’étais revenue dans ma chambre, où j’étais occupée à lire les fissures du plafond.
J’imagine que la folie avait estimé que j’avais eu ma leçon, car elle ne m’avait plus effrayée pendant trois semaines. Mais, évidemment, maintenant, tout a recommencé. Je lui en veux, mais je pense que je suis dépendante de ses punitions. Elles me font vivre.
Mon amie est gentille avec moi seulement le jour de mon anniversaire. Ou lorsque je lui dis quelque chose qui la rend « folle » de joie. Alors, par un élan de bonté, elle déverse sur moi un océan de chances et d’éclats de rire. Ce sont ces moments qui me permettent de la pardonner de m’utiliser comme un vulgaire jouet. Elle est ainsi, je n’y peux rien. C’est sa personnalité. Sans cela, elle ne s’appellerait pas Folie. Aujourd’hui, elle se comporte d’une drôle de façon. Elle paraît fébrile, elle sautille, se tord les doigts, se gruge les ongles, se mordille les lèvres. Elle tremble de nervosité. Elle tremble d’impatience. Je me demande bien pourquoi.