28 déc. 2011

Les points

La vie, c'est un paragraphe.
Il y a des espaces, des virgules, des points de suspension, des points-vigule, pis des points tout court.

Je ne sais pas où j'en suis.

26 déc. 2011

Enfin !

Je m'autorise à annoncer à mes innombrables lecteurs (ceci est à peine une exagération... :P), que j'ai terminé mon tout premier projet, mon tout premier roman. 312 pages de folie, de fausse euphorie, de cannibalisme physique et psychologique... bref, un roman à l'eau de rose...
Ai-je la permission d'être fière ?

23 déc. 2011

On crève

Parfois on regrette, on sent qu’il aurait suffi d’effacer un geste pour que tout aille mieux. Si la vie était emprisonnée dans un ordinateur, on aurait qu’à cliquer sur « précédente ». Simplement. Et tout serait réglé. Notre peine s’envolerait.
Notre stupide peine, totalement insipide, totalement inutile, dont personne ne se soucie. Ou plutôt que personne ne connaît, car bien entendu on ne dit rien. Personne n’est au courant de ce qui a causé cette peine, et de ce qui a causé le bonheur fragile qui l’a précédée. On aimerait qu’un sourire nous rassure, balaye tous nos doutes et ces remords pathétiques qui nous pourrissent la vie. Mais ce sourire n’est pas là, ne viendra pas. Ou s’il vient, il sera imaginaire. Une fabulation destinée à nous sauver la peau mais à nous faire vivre dans le mensonge. Des foutaises.
Impossible. C’est impossible.
On est désolé. On s’excuse. Tout ça dans notre tête, car on a trop honte pour le faire réellement. On n’obtient pas de pardon. Jamais. On noircit, on se racornit. On ne sait pas pourquoi, on n’a pas de vraie raison. Mais on regrette tout, on aime tout, on déteste tout. On prie pour qu’une personne nous entende, cette même personne invisible qui n’existe pas. Qui existe peut-être, lointainement, ou peut-être pas. On ne sait pas. On ne sait foutrement pas. 
Alors on se protège.
On crève. 
  

22 déc. 2011

Malheureusement sans titre

Je suis là, debout, les pensées claires, précises, les sentiments et les émotions limpides. Je vis.

Le vent était effrayé. Il avait fui le monde depuis plusieurs siècles déjà, subitement, brutalement. Les humains s’étaient sentis aspirés, une sorte de vortex les avait attirés vers le néant. Tout était trop vide, trop silencieux, trop immobile. Le ciel aussi avait ravalé ses larmes, craignant le claquement du fouet, la morsure du couteau, le venin de la fiole. Les nuages s’étaient recroquevillés, le soleil ne se montrait que timidement, préférant rester couché sur l’horizon, là où il suffit de quelques secondes pour disparaître. Un glouton avait asséché les mers, engloutissant toute leur eau, toute leur vie, mordant avec cruauté dans les poissons, croquant les algues, avalant le sable fin. Dans le corps de ce glouton, sans doute, le poison avait dilué toute l’eau jusqu’à la dernière goutte, la polluant de tout ce qui est noir sur cette Terre. Ainsi, dans ce monde, tout appartenait aux ténèbres. Elles s’étaient approprié la vie, non pas en la détruisant, mais en la contaminant, en modifiant les poumons, les estomacs, les foies, les cœurs, les âmes, en altérant le sang, en souillant les chairs. De la pureté il n’en restait plus une trace, pas même la plus infime et la plus discrète. Les ténèbres possédaient des espions partout, dans chaque recoin, chaque anfractuosité, chaque vallon, chaque montagne, chaque prairie, chaque ville, chaque maison, chaque rivière, chaque flaque d’eau, chaque goutte de pluie… Elles avaient aussi établi leur empire dans les rêves, les cauchemars, les amours, les chagrins, les colères, les amertumes, les haines, les adulations… Elles pourrissaient chaque culte, croyance, foi, espoir. Elles écumaient même sur les ruines d’âme, le seuil de la pensée, les poussières du subconscient, le reliquat des cœurs, les gravats des baisers, les vestiges du souffle. Elles enfonçaient leurs serres partout, crachaient leurs serviteurs qui, docilement, tels des robots, des monstres, exécutaient les ordres de leurs maîtresses, s’appliquant à planter leur drapeau dans le sol, à raser la nature, à défricher la beauté, à faucher les sourires. Je voyais tout cela impuissamment, appréhendant l’heure ou la seconde où je serais aussi noyée dans le flot.
Les ténèbres versaient dans leur flacon, leur royaume, leur propre amour, un amour inhumain, distordu, crasseux, putride, toxique, stérile… Oui, elles le laissaient couler avec un plaisir ostentatoire et ineffablement malsain. Impossible de les comprendre, elles étaient les reines de la dissimulation. Leurs desseins restaient secrets, cachés, fermés sous clé dans un coffre-fort, enterré dans les abysses de l’univers. Chaque coffre s’ouvrait sur un autre, éternellement, sans que celui qui contînt véritablement le trésor – le trésor ? – ne s’ouvrît jamais. Leurs projets étaient des toiles d’araignée, indémêlables, inextricables. Leurs objectifs étaient encore plus obscurs, plus sombres, que celles qui les dirigeaient ; même la plus aiguë de toutes les presciences n’aurait pu percer son voile d’encre.

 Je suis là, debout. Je vois, je respire. J’ai peur. Je vis.

Mais ces ténèbres, personne ne les apercevaient jamais. Elles étaient encore plus subtiles et encore plus prudentes que la vie qui subsistait, s’évertuant à n’agir que sous une chape fourbe qui les confondait avec le morne paysage. Elles ne faisaient aucun son, n’exhalaient aucune odeur ; elles étaient le Vide. Le Rien. Et pourtant elles étaient là, puissantes, insaisissables, opérant dans l’invisibilité ; et pourtant l’issue de leurs interventions étaient toujours le même, grandiloquente et dévastatrice, tangible, encore plus aveuglante que le soleil fuyant. Une issue inéluctable. Comment éviter une chose totalement hors de notre contrôle, imperceptible de surcroît… invincible ? Comment se détourner de la fatalité, ou détourner la fatalité de nous ?

Je suis là, étendue sur un tapis d’herbe. L’herbe est desséchée, morte, mais moi je suis toujours vivante. Je résiste. Me rebelle. Ou plutôt j’attends la foudre.

 Dans ce monde éphémère, où chaque jour était une procession mortuaire, où chaque année était un cortège funèbre, où chaque manifestation de vie était un suicide, comment se soustraire au destin ? Les âmes étaient des proies et les cœurs des festins, la noirceur se travestissait en blancheur pour agrandir ses rangs et épanouir les roses de sa corruption.
Elles étaient malignes, les ténèbres, et rusées, et perfides, et maléfiques, elles étaient le Mal, nocives et habiles. Non pas assassines, mais voleuses. Des brigandes talentueuses et raffinées, la crème du pillage, la fleur du maraudage. Des gloutonnes.
Le plus effrayant était leur indéchiffrable anonymat. Elles étaient inconnues. Totalement inconnues. On les appelait les ténèbres car il fallait bien les nommer, ces reines ombreuses. L’univers était leur hôte, il les hébergeait même contre son gré. Oui, il fallait absolument nommer ces choses qui dérobaient tout. Elles qui répandaient la presque-mort, il fallait à tout prix leur donner un nom.
Mais qui étaient-elles vraiment ?
Savez-vous qui sont-elles, ces ténèbres ?
Savez-vous… que veulent-elles ?

Je suis la seule survivante.
Une fragile prescience me souffle que je serai moi aussi bientôt pervertie. C’est de bon augure… le mystère me sera enfin révélé.
Les jours passent et le noir m’épargne.
Peut-être que les ténèbres ne me voient pas, peut-être qu’elles m’ont oubliée…
Mais… un instant !
Si je ne suis pas engloutie, c’est peut-être que, les ténèbres… c’est moi !


p.s : Si vous avez une suggestion de titre, n'hésitez pas à m'en faire part :)

 

20 déc. 2011

Pensée soudaine

Si je pouvais encadrer l'amour et le suspendre devant mes yeux pour l'éternité, je le ferais.
Mais il se sauve et se débat, je ne peux pas le saisir.
Tant pis.

16 déc. 2011

Profanation

Pour aller avec le poème "Innocence condamnée" de ce cher Johan :)

 
La première fois que j’assistai à la cruauté de l’homme, j’étais toujours ingénue, et innocente. Aucune souffrance, aucune monstruosité ne m’avait violée, n’avait déchiré l’hymen de mon âme. Ma candeur était reconnue par mon entourage ; ma famille et mes amis me savaient pure et ne juraient que par la chasteté de mon esprit. J’accordais moi-même toute ma confiance et toutes mes espérances en mon avenir. Aucun criminel, aucun rustre n’osait s’en prendre à moi. Certains craignaient la colère de Dieu, mais la plupart possédaient simplement encore assez de conscience pour frissonner à l’idée de souiller les perles de mon cœur. Les plus sélectifs dans leurs méfaits étaient horrifiés à la perspective de me toucher, moi, la plus blanche des innocentes. D’autres – ceux-là étaient plus rares – me répugnaient ouvertement. Ils étaient dégoûtés par le parfum de ma pureté, par la propreté de mon regard et du reflet qui s’imprimait sur mes prunelles. Sotte que j’étais, je ne voyais pas dans leurs yeux à eux le désir d’arracher un à un les pétales de mon cœur. D’autres brûlaient littéralement de me déraciner de mon cocon immaculé. Mais pour une raison que je méconnaissais et méconnais toujours, ils ne concrétisaient jamais cette envie viscérale et instinctive de m’emporter dans leurs ténèbres. Ils me fuyaient par abstinence plutôt que par peur, réprimant leur soif de destruction, la voracité cannibalesque qui leur asséchait la gorge et le cœur. Je me demande comment ils font pour se complaire dans la déchéance, comment leur amour de la douleur peut faire battre leur cœur de plaisir. Je rechigne ici à écrire « bonheur », car peuvent-ils vraiment être épanouis, alors qu’ils ne sont que gangrène et corruption ?


p.s : Ceci est l'extrait d'un roman que j'ai récemment commencé à écrire.


11 déc. 2011

Encore une autre

Comme l'indique le titre, encore une autre question existentielle...
Est-ce que le bonheur d'une personne cause automatiquement le malheur d'une autre ?
Voici de quoi me creuser la tête pendant une (vingt) heures.

9 déc. 2011

Une fleur


Cette nuit-là, je vis entre deux brises glacées les meurtrissures d’une fleur fanée. La tige frêle garnie d’une corolle flétrie vacillait faiblement aux soubresauts qui agitaient le vent. Dérobés par ses perpétuels caprices, emprisonnés dans l’écrin meurtrier d’une tour, les pétales mourants, abandonnés, succombaient à la soif de parfum qui les suppliciait même dans leurs rêves. Le cœur de la fleur, dénudé et frissonnant, endurait la torture des siècles que lui imposait l’écoulement sans fin du sablier. Ce fruit vidé de son nectar, désormais dépouillé de passion, cette beauté belliqueuse, s’altérait inéluctablement vers les ténèbres gourmandes qui ouvraient voracement la gueule.
Un spasme secoua l’atmosphère. La tige se cassa, la fleur dépossédée tomba délicatement sur le tapis de rosée. Les insectes affamées, grouillants de curiosité et d’appétit, rompirent leur errance et se nichèrent contre ce cœur vulnérable, offert aux turpitudes de l’avenir. Ils se nourrirent des ruines de son faste, s’abreuvèrent du fluide ensanglanté propulsé dans ses veines par la dérisoire mais courageuse ambition de survie.
Au-delà, dans la tour, les parures volées à leur âme se mouraient douloureusement. Des cicatrices écarlates zébraient le flux de leurs dernières énergies, la pénombre de la prison les contraignait à blêmir jusqu’à ressembler à un spectre. La noirceur avide posait ses lèvres sur leur corps affaibli, l’enjôlant d’un baiser fourbe et s’emparant de leur souffle soumis. L’obscurité gavée enfla, devint lourde, écrasante. Son poids astreignait leurs captives à une servitude absolue envers la Mort.
Chaque fois qu’un insecte fugitif, mendiant une maigre pitance qui lui assurerait la pérennité, passait devant le cœur agonisant, il s’y arrêtait et se recueillait devant ce qu’il prenait pour le tombeau de la beauté. Ils entendaient un chant sépulcral, éthéré, qui vagabondait dans la brise, et pensaient obtenir les remerciements de celle pour qui ils se prosternaient. En réalité, cette douce berceuse, expiration d’un désespoir moribond, était la complainte, l’ultime supplique d’une âme chagrine signant par les notes l’œuvre écourtée de son existence. Et les insectes émerveillés poursuivaient leur chemin, rassasiés mais inconscients de la triste pleureuse qu’ils laissaient derrière eux.
Dans l’étreinte de l’encre, les pétales aspiraient impuissamment, contre leur gré, des gorgées de ténèbres, se noyant dans ses milliers de corbeaux barbares. Le temps s’égrenait mais rien d’autre que la déréliction ne frappait la potence. La corde enroulée autour de cous graciles se resserrait chaque jour, chaque nuit, comprimant les gorges, freinant la course affolée des hurlements, revendicateurs de leur destinée. Le bourreau n’avait pourtant ni scrupule ni pitié, ni même l’ombre d’une âme. Il ne se mouvait que par les ordres de l’envoûtante faucheuse.
La gangrène s’appropria du cœur. Elle gravit les marches de son amour, semant pièges et obstacles sur son passage, elle escalada les monts de sa passion, posant dans ses anfractuosités bombes et toxines, elle grimpa sur ses donjons d’espoir, y jetant mensonges et hypocrisies. Le cœur rongé par la lèpre, enlaidi par la déchéance de son tortionnaire, martyrisé par le fouet de sa réalité, commença à se désintégrer. Des morceaux se disséminèrent en poussières grises, se joignant au clan nomade du vent. Sa tige s’amollit, fondit dans les richesses inaccessibles du sol.
Pris dans l’étau assassin de leur cachot, les pétales fermèrent les yeux, usèrent leur dernier souffle dans un serment envers l’âme maîtresse qu’ils avaient quittée depuis une éternité déjà. À la merci de la noirceur, leur bourrelle, ils se turent, sereins, paisibles. Ils entendirent l’air affligé de leur souverain qui leur offrit la faveur d’une réponse. Sous eux, des mains invisibles tirèrent la trappe. Les valets du cimetière, impassibles – des masques de cire, rien de plus – contemplèrent le corps enlacer son âme, et ensuite s’en séparer. C’était terminé.
Le cœur acheva de se décomposer. Quand chacune des poussières fut absorbée par le sol, il exhala de son lit de mort un imperceptible chuchotis, qui devint plus tard le père d’une petite pousse. Lorsque l’enfant s’épanouit et déploya le panache de sa beauté, deux nuages de brume survinrent de directions opposées. L’un palpitait faiblement, le visage avarié, et l’autre traînait derrière lui un long foulard noir. Les deux nuages, épuisés, s’étendirent sur cette jolie fleur, cette Morphée appelant au sommeil. Durant leurs songes, ils s’unirent dans une osmose décadente, vibrante, qui les enivra de bonheur. Au levé de jour, ils remarquèrent qu’ils étaient soudés l’un à l’autre.
Ils se reconnurent.
Ensemble, ils chantèrent, et la jeune fleur joignit sa voix à la leur.
Et, sur le lit de leur enfant, les deux âmes couchèrent leur avenir.   

5 déc. 2011

Cannibalesque

Pensée du jour, et non la moindre :
Les âmes sont des cannibales.
Non ?

2 déc. 2011

Moment vert

Tous les Québécois ont certainement déjà entendu la chanson "Plus Rien" des Cowboys Fringants. Tous les Québécois l'ont-ils comprise ? Humm... Si chaque personne pouvait mesurer l'impact de la pollution, du mode capitaliste, sur la Terre, si tout le monde pouvait la respecter, faire un petit effort pour sauvegarder l'humanité, peut-être qu'il se passerait enfin quelque chose de bien... pour notre maison à tous, notre planète. Écolo ou pas, prenez un moment pour écouter cette chanson, reflet de la réalité et d'un futur qui, je l'espère, ne se réalisera jamais...


26 nov. 2011

À l'ancienne

Dernièrement, je me suis mise à écrire à la main. Oui, avec un stylo, pas à l'ordinateur. Depuis ce jour-là (il y a environ une semaine), j'ai presque uniquement écris sur papier. Je ne sais pas si c'est juste moi, mais j'ai remarqué, en relisan, que la qualité de mon texte était supérieure à tous ceux qui ont été écris "virtuellement".
Ça a fait naître en moi une sorte de fantasme d'écrivain. J'ai envie de fermer toutes les lumières de la maison, d'allumer une ou deux chandelles, de prendre une plume, un encrier, un bout de parchemin, et d'écrire.
À l'ancienne.

19 nov. 2011

Dis-moi lune d'argent

Je tenais simplement à vous partager une merveilleuse découverte musicale (Dis-moi lune d'Argent, du groupe espagnol Mecano). Je vous transcris les paroles.

Idiot qui ne comprend pas
La légende qui comme ça
Dis qu'une gitane
Implora la lune
Jusqu'au lever du jour
Pleurant elle demandait
Un gitan qui voudrait
L'épouser par amour

Tu auras ton homme, femme brune,
Du ciel répondit la pleine lune,
Mais il faut me donner
Ton enfant le premier
Dès qu'il te sera né
Celle qui pour un homme
Son enfant immole,
Bien peu l'aurait aimé.

Lune tu veux être mère
Tu ne trouves pas l'amour
Qui exauce ta prière
Dis moi lune d'argent
Toi qui n'as pas de bras
Comment bercer l'enfant
Hijo de la luna.

D'un gitan cannelle
Naquit l'enfant
Tout comme l'hermine,
Il était blanc,
Ses prunelles grises
Pas couleur olive
Fils albinos de lune
Maudit sois tu, bâtard!
T'es le fils d'un gadjo
T'es le fils d'un blafard.

Le gitan se croyant déshonoré
Couteau en main sa femme alla trouver,
L'enfant n'est pas de moi,
Tu m'as trompé, je vois!
A mort il la blessa
Et l'enfant dans ses bras
La colline il monta,
Là haut l'abandonna...

Et les soirs où l'enfant joue et sourit,
De joie aussi la lune s'arrondit
Et lorsque l'enfant pleure
Elle décroît pour lui faire
Un berceau de lumière
Et lorsque l'enfant pleure
Elle décroît pour lui faire
Un berceau de lumière



16 nov. 2011

Question du jour

Parfois, je me pose des questions. Comme tout le monde. Étrangement, les questions difficiles à répondre me viennent toujours en tête la nuit, peu avant que je m'endorme. Malheureusement, j'ai un peu trop réfléchi et j'ai cédé au sommeil plus tard que d'habitude. Que voulez-vous, que je commence à penser sérieusement à quelque chose, je ne me plus m'arrêter.
Voici la bête :
Peut-on aimer sans scrupules ?

Je n'ai toujours pas de réponse.

6 nov. 2011

Un train, des rails, la folie

Récemment, j'ai commencé à écrire une sorte de longue nouvelle, basée sur un rêve que j'ai fait il y a très, très longtemps. Quand j'avais à peu près 10 ans, figurez-vous.
L'histoire (Un train, des rails, la folie) tourne autour de la folie, thème qui me fascine et que j'adore manier dans mon écriture. J'ai pensé poster les quelques premiers chapitres, pour voir ce que vous en pensez.
Le premier fera un post plutôt long, mais ça se lit plutôt vite. C'est du moins l'impression que j'ai eu en le relisant !

À rien n’y comprendre
     
1.
Vous la connaissez ?
La folie. Moi je la connais. Elle est collée à mon âme, siamoise, tel un appendice. Je suis bien comme ça. Nous sommes de grandes amies, même si parfois sa présence m’horripile. Elle est bien gentille, mais il lui arrive de n’en faire qu’à sa tête, sans même demander mon accord. Peut-être sait-elle que je suis peu permissive, et qu’elle préfère jouer la rebelle plutôt que l’obéissante écolière. Oui, ça doit être ça. Quand ça arrive, je croise les bras, la moue boudeuse. Je me ferme du monde, j’attends. Un homme à la jambe de bois fume un cigare en fixant l’horloge grand-mère. C’est toujours comme ça, lorsque je dois attendre. J’imagine que d’autres personnes qui ont la folie pour amie se voient plutôt dans une salle d’attente chez le médecin, ou encore loin derrière la file indienne. Moi, c’est l’homme au cigare que je vois. Je le connais bien, lui aussi. Il ne fait pas grand-chose, sauf fumer. Il est patient. Enfin, je pense, puisqu’il reste là devant l’horloge, sans jamais esquisser le moindre geste. Il a l’air serein. J’aimerais parfois être comme lui. Je l’envie.
Quand la folie se calme, je me calme aussi, car de toute façon je n’ai pas le choix, je deviens si faible. Je vous l’ai dit : c’est ma siamoise. Elle aspire toute mon énergie et la garde égoïstement pour elle. Si c’était une vraie enfant avec un corps, ses parents la puniraient, c’est certain. Elle se ferait donner la fessée et elle irait dans sa chambre, elle serait privée de dessert. Sauf qu’elle ne resterait pas sagement assise sur son lit, les bras croisés, à attendre que la punition soit levée. Elle partirait en catimini par la fenêtre et elle s’évaderait dans les bois, juste pour donner la frousse à ses parents. Quand elle entendrait les sirènes de police et que les pleurs de sa mère iraient jusqu’à ses oreilles, elle reviendrait, un grand sourire éclairant son visage espiègle. Elle dirait « poisson d’avril », même si la date ne serait pas le 1er avril. Je pense qu’elle n’est pas seulement moqueuse, je pense qu’elle est vicieuse. Une couleuvre ou une vipère. Un serpent. Quelque chose de détestable, de furtif et de fondamentalement mesquin.
Je la connais comme le fond de ma poche, la folie. De temps en temps, je lui parle, et je peux anticiper sa réponse. Elle est presque toujours narquoise. Ce n’est pas une amie très sérieuse. Elle ne me prend ni ne se prend au sérieux. Elle est encore plus gamine que moi. Pourtant je l’aime bien. Sans elle, je ne serais plus rien. Je perdrais tout. Mes organes vitaux seraient en deux, mon cerveau aussi, mes jambes, mes doigts, mes orteils, mes bras, mon nombril. Tout. Je serais une demi-personne. Un demi-cadavre. Elle, elle vivrait toujours. Elle vit dans un tas de personnes. Elle se réincarne partout, en tout temps. Autant dans des humains que des animaux ou des poissons. Les arbres sont vivants, alors peut-être qu’ils peuvent avoir une amie folie, eux aussi. Peut-être que c’est pour ça que mon amie se sent si invincible. Elle sait qu’elle ne mourra jamais. C’est une immortelle. Elle a tout vu, elle verra tout. Elle peut tout se permettre. Rien ne l’atteint. C’est elle qui nous atteint. Elle connait ses forces autant que ses faiblesses, elle connait mes forces autant que mes faiblesses. Elle profite des deux. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que moi aussi je lui vole certaines choses. Je tire son énergie à petite dose, sans qu’elle ne s’en rende compte.
Je me demande toujours si c’est elle qui est une extension de moi, ou si c’est moi qui suis une extension d’elle. Ça varie sans doute de jour en jour. Ou bien nous nous complétons, tout simplement. Par contre, je suis ne suis pas certaine de cette hypothèse. Il y a toujours l’une de nous deux qui règne sur l’autre. Personne n’est égal. Surtout pas quand il s’agit de la folie. Elle nous affaiblit ou nous renforce. C’est notre amie ou notre ennemie. Des fois, les deux en même temps. C’est mon cas, et c’est le cas de millions d’autres personnes.
Elle me punit régulièrement, pour toutes sortes de raison. Elle me punit lorsque je suis trop heureuse, lorsque je pleure, lorsque j’ai fait une bêtise, où lorsque j’ai eu le culot de m’endormir avant elle. Elle me châtie en insérant dans ma tête et dans mon corps des hallucinations. Ce ne sont pas que des images ou des sensations, c’est la réalité. Les hallucinations font partie de ma vie, de mes nuits et de mes journées. Elles ont une odeur, une texture, une voix, une apparence. Elles sont en trois dimensions. Tout autour de moi. Mon monde. À partir du moment où elles existent dans ma tête, elles sont réelles. C’est ainsi que je vois les choses. Pourquoi serait-ce irréel ? Qui a décidé que ce qui était seulement vu ou entendu par une seule personne était imaginaire ? Pourquoi chaque personne n’aurait-elle pas sa propre réalité ? C’est pour cette raison que je dis que mes hallucinations arrivent vraiment. Elles influent sur qui je suis, sur mes pensées et mes actions. Elles restent dans ma mémoire, leurs effluves adhèrent dans mes narines, leur température scelle sur ma peau la sueur ou les frissons, les images remplacent le noir de mes pupilles. C’est réel. Vous ne pouvez pas me dire que ce n’est pas réel. Vous ne pouvez pas. L’irréel est un mensonge. Les mensonges sont des faux-semblants. Tout est hypocrisie, même la vérité. La folie profite de mes croyances pour me faire tomber dans des hallucinations affreuses et pénibles. Ça la fait énormément rire, surtout quand je me mets à pleurer. Elle rit encore plus, elle se tient les côtes, ses yeux coulent, se bouche grande ouverte me vole toute l’oxygène. 
Une fois, à cause de l’un de ces caprices sauvages, j’ai faillis mourir. Elle avait lancé un monstre à ma poursuite. La gueule du monstre était énorme et béante, sa salive brûlante comme la lave dégoulinait sur son sillage, des centaines de crocs affûtés perçaient ses gencives noirâtres. Sa peau rugueuse était couverte de pustules toxiques, aussi toxiques que son haleine. Ses trente pattes velues, sa queue massue et ses deux cornes fissurées étaient des armes mortelles. Je courais dans la jungle, le plus vite que mes jambes me le permettaient. À mesure que j’avançais, l’engourdissement me gagnait, je ne sentais plus mes pieds. Les plantes exotiques m’agrippaient les chevilles, les arbres au tronc immense se mettaient en travers de mon chemin, la canopée s’écartait pour laisser tomber la pluie sur ma tête. Le monstre m’avait rattrapée. Une trappe s’était ouverte sous mes pieds, j’avais atterri dans un gouffre effroyablement profond. C’était ce gouffre qui m’avait sauvée, car une fois au fond, j’étais revenue dans ma chambre, où j’étais occupée à lire les fissures du plafond.
J’imagine que la folie avait estimé que j’avais eu ma leçon, car elle ne m’avait plus effrayée pendant trois semaines. Mais, évidemment, maintenant, tout a recommencé. Je lui en veux, mais je pense que je suis dépendante de ses punitions. Elles me font vivre.
Mon amie est gentille avec moi seulement le jour de mon anniversaire. Ou lorsque je lui dis quelque chose qui la rend « folle » de joie. Alors, par un élan de bonté, elle déverse sur moi un océan de chances et d’éclats de rire. Ce sont ces moments qui me permettent de la pardonner de m’utiliser comme un vulgaire jouet. Elle est ainsi, je n’y peux rien. C’est sa personnalité. Sans cela, elle ne s’appellerait pas Folie. Aujourd’hui, elle se comporte d’une drôle de façon. Elle paraît fébrile, elle sautille, se tord les doigts, se gruge les ongles, se mordille les lèvres. Elle tremble de nervosité. Elle tremble d’impatience. Je me demande bien pourquoi.

31 oct. 2011

Que le sang soit plus rouge

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J’aurais aimé que la prairie soit plus verte, que le ciel soit plus bleu, que la neige soit plus blanche, que la nuit soit plus noire et que le sang soit plus rouge. J’aurais aimé que la peur soit moins effrayante, que la tristesse soit moins accablante, que la douleur soit moins cruelle et que le bonheur soit moins enivrant. J’aurais aimé que les sourires soient plus sincères, que les pleurs soient plus profonds, que les cris soient plus tranchants et que la colère soit plus destructrice. J’aurais aimé que les carrés soient plus ronds, que les flèches soient moins pointues, que les courbes soient moins douces. J’aurais aimé que ton souffle soit plus pur, que ton cœur soit moins dur, que ton âme soit plus légère. J’aurais aimé que les diamants soient moins précieux, que le rubis soit plus profond, que l'émeraude soit plus verte. J’aurais aimé que le vert soit plus prairie, que le bleu soit plus ciel, que le blanc soit plus neige, que le noir soit plus nuit et que le rouge soit plus sang.
Pourquoi suis-je toujours si insatisfaite ?

26 oct. 2011

Dissemblances

Il pleure. Affligé. Un vrai dépressif. Son visage se modifie, ses traits se détruisent. La pluie. Des larmes comme des lames.
Il rit. Hilare. Un vrai enfant. Son rire éclate, résonne. Échos dans une grotte. Échos dans le ciel. Le bonheur qui se réverbère.
Il est. Imposant. Un vrai témoin. Les sens qui inspectent. Des gardiens. Toucher, sentir. Respirer. Une tache dans une foule.
Il n’est pas là. Absent. Un vrai voyageur. Son âme est une silhouette qui danse, écartant doucement les fils éthérés. Fermer les yeux. Sommeil éveillé.
Il est immobile. Figé. Une vraie statue. Ses muscles se tendent, son corps bouillonne. Pourtant il s’abstient. Lutter. Se battre contre le désir.
Il court. Libre. Un vrai fugitif. Son cœur hurle. Félicité. Encore plus. Ses jambes le propulsent. Il s’en va loin, il file. Toujours plus loin.
Il est gentil. Adorable. Un vrai ange. Une lumière en guise de manteau. Des mains qui s’ouvrent. Des offrandes.
Il est méchant. Hideux. Un vrai démon. Une plaie comme une ombre. Du sang comme passé, une fosse comme futur. Un cimetière.
Il rêve. Ailleurs. Un vrai dormeur. Les images folles se bousculent. Les espoirs éphémères se fardent de rose. La perfection.
Il cauchemarde. Sous-terre. Un vrai tourmenté. Les épées qui s’entrechoquent. Le ventre qui s’ouvre. Une apocalypse menteuse.
Il donne la vie. Généreux. Un vrai père. Ses bras comme un berceau. Des doigts minuscules. Une ivresse qui dure.
Il tue. Monstre. Un vrai cannibale. Ses bras comme une arme. Des mains qui étranglent. Il a soif, il a faim. Une vengeance qui grise.
Il pense. Intelligent. Un vrai philosophe. Des petits points sur un écran. Les idées arrivent et repartent. Quelque chose d’invisible. Secrets.
Il ne pense pas. Inerte. Un vrai paresseux. Un esprit asséché. Désert ou abysses. Des insectes qui grugent les sens.
Il touche. Charnel. Un vrai pervers. Effleurements. Viol. La culpabilité qui grandit. Le remord. L’alerte d’une faute.
Il ne touche pas. Respectueux. Un vrai gentilhomme. Courtoisie. Un peur qui se déguise. Manque. Toujours réprimer.
Il grimpe. Glorieux. Un vrai vainqueur. Le triomphe près du soleil. Un drapeau. Le symbole du conquérant. Peut-être courageux. Ou téméraire.
Il descend. Craintif. Un vrai lâche. L’audace trop timide. Rougissements. Le public qui pouffe. L’échelle qui s’enfonce.
Il aime. Tendre. Un vrai humain. Baisers sensibles. Contact fragile, trop de douceur. Il tient une poupée. Morceaux de porcelaine.
Il n’aime pas. Cruel. Un vrai animal. Faiblesse ou solitude. Le vide ou la haine. L’absence est profonde comme un gouffre.
Il est entouré. Sociable. Un vrai ami. Les cadeaux s’échangent. La fête frissonne. Agréables moments. Un partage. Ou un vol.
Il est seul. Marginal. Un vrai ermite. Un miroir comme compagnie. Solitude. Prison. Les barreaux sont robustes. Tromper les vigiles.
Il s’amuse. Frivole. Un vrai fêtard. Des couleurs. Des lumières. Les plaisirs, l’allégresse, les délices. Les lèvres sont des sourires.
Il s’ennuie. Las. Un vrai blasé. D’une personne ou du bonheur. Le temps est une vie. Mort tardive. Trouver la patience. Attendre.
Il envie. Jaloux. Un vrai pécheur. Falsifications. Duperies. Laideur honteuse derrière le faste. Haine de soi. La soie est exquise.
Il dédaigne. Confiant. Un vrai bourgeois. Torse bombé comme assurance. Lèvres pincées comme vanité. Ganté d’arrogance.
Il règne. Fier. Un vrai souverain. Le roi sur son trône. Le fouet dans la main. Éclat de diamant. Caprices et extravagances.
Il sert. Soumis. Un vrai esclave. Des loques comme peau. La dignité dans un trou. Des marques qui suintent. Le sang des veines.
Il vit. Palpitant. Un vrai homme. Son souffle qui flotte. Suspendu. Renouvelable. Un cœur qui se bat, des papillons qui gigotent.
Il meurt. Agonisant. Un vrai vieillard. Tout se crispe. Une odeur de pourriture qui s’en vient. Un ombre descendant les marches. Une porte.
Il est un homme.
Il existe
Il ne peut pas ne pas exister.
Là est la fin des dissemblances.


15 octobre 2011 - 16 octobre 2011

23 oct. 2011

Fourmillements

Des fourmis.

Des centaines et des centaines de fourmis.
Elles grouillent, leurs minuscules pattes remuent et ça m’irrite. J’ai envie de les piétiner puis ensuite d’essuyer la semelle de mes chaussures sur la moquette, mais ça aurait été malpropre. Elles ne sont pas normales. Elles sont à moitié transparentes, certaines clignotent et d’autres s’assombrissent comme si elles se cachent dans une flaque d’ombre. Je les trouve grossièrement mesquines, et impolies. Leur intrusion m’importune. Je ne peux pas m’empêcher de les fixer ostensiblement, en espérant qu’ainsi le regard de mon interlocuteur s’y porte et les fasse disparaître, mais non, ledit interlocuteur se contente de me dévisager, moi. Mon attention est à ce point concentrée sur les fourmis que je me demande qui est cet homme, assis devant moi, dans ma cuisine.
Suis-je vraiment dans ma cuisine ? Non, bien sûr que non. C’est la sienne. Tout y est si délabré, si sale, que jamais je ne pourrais y vivre. Ce n’est pas un milieu sain. Alors pourquoi les fourmis m’ont-elles suivie ? Je me demande si l’homme s’indignera de leur effronterie. Peut-être penserait-il que c’est moi qui les ai apportées ici. S’il m’accuse d’une telle chose, je pars sur-le-champ, sans même lui fournir une explication. Premièrement parce qu’il n’y en a pas, et deuxièmement parce que je m’efforce sans cesse de les repousser le plus loin possible. Je m’offusquerais, mais je ne dirais pas un mot.
L’homme continue de me dévisager, sans grands yeux de poisson restent immobiles sur ma personne. Je me sens mal à l’aise, son jugement dépose une couche de moiteur sur ma peau. J’ai envie de m’asperger d’eau et de décoller cette sueur tiède et crasseuse. Ma peau me démange. Et les fourmis grouillent toujours, leurs pattes bougent frénétiquement. Pourquoi ne sont-elles pas plus loin ? À ce rythme, elles devraient déjà avoir trouvé un trou par où s’enfuir, et être rendues à l’extérieur, dans la nature restreinte de la cour. Pourtant elles sont encore là, elles avancent mais elles demeurent au même point. Pour me narguer. Impuissante face à ces centaines de petits points noirs, impuissante face à cet homme aux yeux globuleux, je me crispe sur ma chaise, je me fige en bloc, attendant que le malaise passe. Que les fourmis s’en aillent. Des clous maintiennent mon dos contre le dossier, une masse incroyablement lourde compresse mes fesses sur la chaise. Je suis clouée. Mon Dieu, je suis clouée. Et soudainement, les fourmis bougent vraiment, elles s’approchent. J’ignore pourquoi, mais j’ai l’impression qu’elles rampent, comme des serpents. Elles sinuent sur le plancher, dans la poussière poisseuse qui recouvre le sol, et elles escaladent mes pieds, grimpent sur mes jambes. L’ascension de mes genoux débute. Je suis paralysée. L’homme se lève, détache sa braguette. Il urine. Sur moi. Le liquide chaud coule sur mon visage. Les fourmis s’en délectent, elles engraissent au point de devenir obèses. Leur brusque lourdeur tire sur mes membres, pourtant je reste là. Stigmatisée. Je suis une statue. Une statue maculée d’urine, de sueur, des pattes qui me chatouillent et me rendent hystérique. L’urine est inodore. Un instant. Il n’y a pas d’urine. Je suis sèche. Non, c’est impossible. Je la sens, sur ma peau, qui sèche et qui refroidit. Elle forme une pellicule semi-transparente, tel un infect bas de nylon. Je regarde l’homme, et je constate qu’il est assis. Une tache mouillée souille son pantalon. Je me force à regarder à ses pieds, et j’y vois une flaque jaune qui s’élargit. Sur qui a-t-il uriné ? Sur lui ou sur moi ?
Pendant ce temps les fourmis grimpent toujours sur mon corps. Elles s’infiltrent sous mes vêtements, perverses, elles me chatouillent et mes violent. Elles contournent ma poitrine, d’autres s’écrasent sous mes seins. Elles restent là, elles se décomposent, elles fondent. Les autres montent, montent toujours plus haut. Mon cou, mon menton. Mes lèvres. Je serre les lèvres, je serre les dents, je tente même de serrer mes narines. Mes paupières s’abaissent. Hermétique. Je dois être le plus hermétique possible. Des pattes frôlent la peau sensible de mes lèvres. Je sens une décharge dans mon corps, qui me secoue férocement. Un choc électrique. Un spasme, une contraction. Quelque chose qui est le contraire de l’immobilité. Puis je rouvre brusquement les yeux, et je respire. Mon Dieu, où est l’air ? Où sont les fourmis ? Seigneur, béni sois-tu ! Elles sont parties.
Le liquide sur ma peau n’est pas de l’urine, mais bien de la sueur. Il y en a tant qu’elle dégoutte, elle coule sur mon front, dans mon cou, sur mon échine, entre mes orteils, dans le pli de mes genoux. Il y a bien une odeur désagréable, mais c’est la pointe de pizza putréfiée, laissée là sur le comptoir. L’homme aux yeux de poisson me fixe intensément. Chaque personne est différente, alors impossible de déterminer s’il est curieux, dégoûté, ou effrayé. Ses yeux sont trop inhumains pour que je puisse distinguer leur expression. Je me sens faible, vidée. Sale. Et je suis soulagée, de la même façon qu’un malade qui se sent soudainement bien, et qui peut enfin se reposer. Je rougis, honteuse. Une chaleur cuisante gagne mes joues. Les pompiers. Il faut appeler les pompiers. Pourtant je me contente de me redresser, de tourner le dos le plus vite possible à cet homme, et de courir vers la sortie. Personne ne me suit. Pas même une seule minable fourmi à la con.
J’inhale des goulées d’air, rescapée de la noyade. Les passants me regardent, certains me croient folle, d’autres simplement paniquée. Ils ont tous raison. L’air frais me fait du bien. Il me vivifie. Il me purifie des fourmis, de leurs pattes baladeuses, de l’urine, de la sueur, du viol. Il me purifie de mon propre cerveau. Il chasse l’hallucination, loin, il l’éloigne en même temps que la poussière et la pollution.
Mais les fourmis sont des boomerangs. Elles reviendront bientôt à la charge. Pour l’instant, je vais aller me reposer. M’étendre dans un lit, fermer les yeux, et dormir profondément. Je rêverai. Et je sais déjà à quoi.
Devinez.
Les fourmis.

 

12 oct. 2011

Question existentielle

Récemment je me suis posée une question, à laquelle je ne pourrai malheureusement jamais donner de réponse. Est-ce que tout le monde déteste quelqu'un ? Parfois, je me dis que oui, mais que la haine peut être inconsciente. Mais je pense à mon propre cas, et si l'on me demandait si je détestais quelqu'un présentement, je répondrais que non. Pourtant... je dois bien haïr, non ? Dans la vie, on aime et on déteste. On ne peut pas qu'aimer il faut le juste équilibre des choses. Sauf que la haine déséquilibre... pas vrai ? Plus j'y songe, moins je ne comprends.
Il est peut-être temps que je fasse une pause de questions existentielles.

* Je vous laisse avec une photo du penseur de Rodin. Personnellement, je ne me place jamais comme ça quand je pense. Mais bon...


5 oct. 2011

Bons à rien (texte haineux et fictif à l'égard de tout le monde)

Parfois, j'aime me mettre dans la peau d'une personne qui n'a pas toute sa raison, ou encore dans la peau d'un monstre violeur et assassin. Bref, dans la peau de personnes que nous avons l'habitude de craindre, de ne pas comprendre, ou de détester. C'est une vraie passion.
Dans ce cas-ci, c'est la lettre d'une personne qui se hait et qui hait l'univers entier. C'est écrit d'une manière bizarre, presque incohérente. Pourtant j'ai pris un plaisir fou à rédiger ce texte. Fou, je vous dis.

Je suis une bonne à rien. Détestez-moi. Je me déteste. Je vous aime. Non, je vous déteste. Qui suis-je ? Que suis-je ? Je suis une bonne à rien. Tuez-moi. Enterrez-moi. Ne parlez plus jamais de moi. De toute façon vous ne le voulez pas. Vous vous en fichez. Mourrez. Mourrez tous, autant que vous êtes, et laissez-moi pourrir dans ma tombe pendant que le bon Dieu la piétine. Vous puez tous, vous n’êtes qu’immondices vivants. Seigneur, vous me donnez des nausées ! Je vous vomirais dessus si j’étais assez immonde moi-même pour m’abaisser à un tel acte. Je suis immonde. Je veux m’arracher le cœur, le déchirer, le mordre, le recracher, le mordre, l’avaler. Je veux vous arracher le cœur. Je veux vous le faire déchirer, mordre, recracher, mordre, avaler. Je veux que tous les cœurs disparaissent. Vous n’existeriez plus. Je n’existerais plus. Plus rien n’existerait. Je suis une bonne à rien. Vous êtes des bons à rien.
Taisez-vous, cessez de penser, de réfléchir. Ça ne mène à rien. Vous n’êtes rien. Je vous ai dit de vous taire ! Vous voulez que je vous coupe la langue aussi ? Que je plante mes ongles dans vos yeux ? Que je vous endorme de force en faisant exploser votre tête contre ma tête ? Ce serait bien, on ? Comme ça vos têtes et ma tête exploseraient. Il y aurait des monticules de morceaux de crâne, de matière grise, de la cervelle broyée, du sang. Plein de sang. Du sang partout sur l’univers. L’univers. Quel bon à rien. Le bon Dieu. Quel idiot. Pourquoi créer les hommes et les laisser s’entretuer ? Le bon Dieu les regarde, j’en suis certaine, comme s’il regardait un fascinant spectacle. Les gladiateurs de toujours. Les cannibales de toujours. L’homme, c’est ça. Je suis ça. Je suis une bonne à rien.
Tuez-vous tous. Je me tuerais. Le suicide, ce serait un cadeau pour notre âme. Oui, rejoignons les rangs des suicidés ! Non, pire ! Qu’on prépare l’échafaud ! Qu’on dresse le bûcher ! Qu’on fasse appelle aux bons services du bourreau ! Oh, cher bourreau, n’oubliez pas votre arme à feu. N’oubliez pas que vous devez vous tuer vous-même. Faites feu ! Faites feu ! Oh ! Regardez ces corps grotesques qui se tortillent, qui se convulsent au rythme de leur supplice ! Riez de ces pantins absurdes et pathétiques qui dansent leur mort alors que le cou délicat s’étire et que… Oh ! Tiens, les voilà qui s’immobilisent. Ils sont morts. Je suis morte. Allez en Enfer. Vous êtes des bons à rien. Je suis une bonne à rien.
Allons donc tous en Enfer, bons à rien que nous sommes.

4 octobre 2011

3 oct. 2011

Lettre sur une nuit infernale

Cette nuit, l’Enfer m’a rendu visite. Je ne m’y attendais pas. Ensommeillé, je me tournais et me retournais dans mon lit, l’œil mi-clos, quêtant à Morphée le repos. Il me semblait que mon matelas était encore plus dur et inconfortable qu’à l’accoutumée. On eut dit qu’il avait été rembourré d’une infinité de petits cailloux. Une sueur chaude et épaisse ruisselait sur ma peau, insidieuse, voulant accentuer ma Déraison. Peu à peu, la Sensation se troubla, puis devint celle de milliers de Serpents grouillant dans mon corps. J’en devins maniaque, me grattant avec les ongles pour les chasser. Je me frappais, les frappais, sans que cela ne changeât quoi que ce soit. Je tentais de les étouffer en m’enroulant dans mes draps, puis je ne fis plus un geste. Peu à peu, la Sensation me quitta. Mais un autre Mal entreprit de me torturer. D’abord une Pensée floue, puis ensuite une Pensée atroce, sinueuse, vile et envahissante. Elle ne cessait de me marteler le crâne. Elle chassait les dernières gouttes d’entendement de mon Âme, pour les remplacer par la vision de l’enfer. Non, pas l’enfer. L’Enfer. Le vrai. Le cruel. Celui qui suinte de Sang corrompu et qui est bruyant de hurlements à vous fendre l’Âme, celui-là même qui projette sempiternellement ses flammes de lave. Elles me brûlaient. J’avais l’impression que l’on me transperçait d’une lame ardente et que mon Sang se répandait sur la planète entière. Il inondait des maisons, noyait des Innocents, engloutissait des îles entières, pour ne former qu’une mer d’une immensité écarlate. C’était affreux. Dieu, perché sur un nuage qui lui aussi serait bientôt immergé, m’admonestait et me répétait sans cesse mes Erreurs, toutes ces choses horribles qui auraient dû m’arriver plutôt qu’aux autres. Cet impitoyable mais bon Dieu, ce Dieu miséricordieux, qui refusait de pardonner mes Actes immondes. Ce Dieu qui avait pardonné tant de Monstres et tant d’Horreurs m’évinçait de ce cercle privilégié. Je le détestais. Lucifer, nu, caressé et léché par tant de Femmes sales et affreuses, m’appelait. Sa voix résonnait, comme dans un tunnel infiniment long. Elle se perdait dans les gémissements des Femmes et leurs cris de bonheur malsain. Elle était grave, enjôleuse, et m’invitait à le rejoindre. J’étais dégoûté. Il pleuvait sur ma tête une pluie blanchâtre et visqueuse. Maintenant, même Lucifer hurlait sa félicité. Les Femmes continuaient de le toucher et de lui lacérer le dos avec leurs interminables ongles noirs. La pluie cessa. Mais la vision de l’Enfer perdurait, immuable, jusqu’à me donner envie de mourir. En revanche il me fallait vivre, sinon je rejoindrais cet Homme rouge dans les Caveaux de la Terre, qui me pervertirais encore plus et qui me soumettrait à des Actes charnels dégoûtants. Je ne serais plus seulement un Monstre sans Âme ni pitié, je serais aussi une Créature dépravée. Et Dieu ne ferait plus que m’invectiver, il m’abhorrait.
Je me rappelle avoir hurlé ma Détresse. À partir de ce moment, l’Enfer disparut de ma tête. Les relents de feu, de Sang et de désir s’estompèrent brusquement. C’était comme un songe. Quand je me « réveillai », j’étais nu, enroulé dans mon drap imprégné de sueur, et recroquevillé contre le mur. L’oreiller, déchiré, s’éparpillait sur le sol en multiples lambeaux. Ma peau était lacérée. Un labyrinthe rouge et douloureux sillonnait mes bras, ma poitrine et mes jambes. Mes ongles étaient rouges de Sang. Et puis ma tête était lourde, d’une lourdeur pénible et fatigante. Je tremblais. Les Serpents qui me recouvraient quelques minutes (ou heures, je ne saurais le dire) plus tôt, ne grouillaient plus, mais me mordaient. Oh ! comme j’avais mal. Une Souffrance me dévorait de l’intérieur et de l’extérieur.
Depuis cette nuit, je rêve à l’Enfer chaque fois que je m’endors, et je me dis que là-bas même les démons auraient pitié de mes crimes. Oui, ils auraient pitié de la bête que je suis devenu.
Ils préféreraient me laisser vivre éternellement dans ma mort que m’épargner le soulagement de n’être plus rien.

1 oct. 2011

La mia missione

Je suis follement amoureuse de l'Italie (bien que je n'y ais jamais posé les pieds), et de la langue italienne.
Dans mon petit bout de pays, la plupart des gens n'écoutent que de la musique américaine, comme s'il n'y avait rien d'autre ailleurs. J'étais comme ça, aussi, avant. Je me contentais d'écouter ce que j'entendais à la radio. Puis j'ai découvert un fantastique artiste qui s'appelle Paolo Meneguzzi, et qui a totalement changé ma vision de la musique. Depuis ce temps, je télécharge de tous les styles, de tous les pays. J'ai des chansons arabes, norvégiennes, turques, allemandes, française, coréennes, italiennes... Pour moi, le simple fait que la langue me soit inconnue est un charme. Les nouvelles sonorités ajoutent un petit quelque chose à la musique, un petit quelque chose que nous ne comprenons pas mais que nous adorons. La langue chantée change absolument tout à une mélodie.
Aujourd'hui, par contre, je tiens à vous faire découvrir mon cher Paolo Meneguzzi. Il est né en Suisse en 1976, et son tout premier single, Aria Ario,est sorti en 1996. Il chante en espagnol, italien et français, et compose lui-même, avec une collaboration avec d'autres artistes, ses chansons.
"La mia missione", ma chanson préférée, fait partie de son plus récent album paru en 2010, Mi Ami.
La voix de Paolo est bouleversante, intense, profonde. Je n'avais pas le choix de l'aimer.







25 sept. 2011

Leonid Afremov

Je flânais sur Internet, l'autre jour, cherchant des images d'automne, quand je suis tombée sur ces toiles magnifiques, peintes par le Biélorusse Leonid Afremov. Il peint ses toiles au couteau à palette, sur qui leur donne cet effet si particulier. Ce qui m'a d'abord charmée, c'est l'atmosphère lumineuse, réconfortante, et les reflets des arbres et des bâtiments comme si une pluie s'était fraîchement abattue sur la ville, et que le calme s'était posé.

* Ici, trois des oeuvres de Leonid Afremov. La dernière, ce bucolique paysage automnal, est la première que j'ai vue, et celle qui m'a fait tomber en amour.




Pour voir la totalité de son oeuvre, rendez-vous ici : Portfolio



Flammes


La passion me brûle de l’intérieur, faisant de moi son esclave. Il me faut écrire, ma santé - ma vie - en dépend. C’est une combustion lente qui me pousse à toujours en vouloir. Mes doigts s’échauffent, ma tête s’enflamme. Je ne suis plus que l’interprète de ma passion dévastatrice. Je ne suis plus qu’un objet de propagande.

Juin 2011

Présentation de moi-même

Comme le titre de l'article l'indique, je me présente.
Julie-Anne, X ans, Québécoise et passionnée d'écriture. Je sais, je sais, c'est assez vague. C'est que, sur mes précédents blogs, j'indiquais toujours mon âge et une panoplie parfaitement inutile d'autres renseignents. Je me suis rendue compte que je préférais largement le mystère, et c'est pourquoi je ne mets ici que mon nom, histoire que vous sachiez si je suis une femme ou un homme (c'est désagréable lorsque l'on se fait confondre avec une personne d'un autre sexe, vous le savez bien).
Je n'ai publié aucun roman, recueil de nouvelles ou de poésies, ni aucun texte que ce soit dans une revue quelconque. Je suis une incorrigible perfectionniste, et j'hésite toujours très, très longuement avant de montrer ce que j'écris aux gens (même aux membres de ma famille. Encore mon côté secret.) Je ne pense pas que ce que j'écris est toujours la vérité juste et impartiale, mais je m'efforce de toujours être honnête avec moi-même, et de coucher sur papier (ou sur ordinateur), ce que je ressens, ou ce que le personnage peut ressentir, même si sa personnalité est à l'opposé de la mienne. Dans tout ce que j'écris, que ce soit psychologique ou non, j'adore jouer avec les sentiments, les émotions, les troubles cachés, les déviances abjectes, les amours fous et insensés. J'adore la démesure. L'intensité. Lorsque j'écris, je m'enflamme très souvent, et c'est une tâche ardue que de tenter de me calmer.
En ce qui concerne les émotions, je n'aime pas la censure. Quand je suis dans la tête d'un personnage et que je dois exprimer ses pensées, croyez-moi, je les exprime telles que je me les imagine, telles qu'elles sont. Car si on lit dans les pensées des gens, pensez-vous que ce que l'on découvrirait sera des phrases énigmatiques qui ne veulent rien dire ? Non. Donc, vous le verrez bien, je ne censure par les pensées, émotions, souffrances et autres. Je les fait exploser, et c'est formidable.

Alors voilà pour ce qui est de mes écrits. Maintenant, comme c'est indiqué dans la présentation du blogue, je publie ici diverses choses, dont des critiques de livres (que risquent d'être très personnelles), des découvertes diveres, des extraits de textes que j'écris, et toutes sortes d'autres choses en rapport avec ma folle passion (ce que j'inclus dans "et cetera").
J'espère que vous vous plairez, ici !