13 juil. 2012

Cirque


Vous êtes tous des pieuvres avides
Aux regards tentaculaires
Sinuant dans mes rides et mes excentricités
À la recherche sans doute d’une
Toile vierge
Où cacher votre encore malsaine

Vos longs doigts inquisiteurs
Fascinés par le contact de ma peau
Si vallonnée de vieillesse et de bubons
Effleurent avec une certaine
Déception
Le grotesque de mes traits de bête

Pourtant, vous et votre indiscrétion
Animées par l’utopie, continuez de creuser,
À grosses pelletées, au plus profond
De la terre fertile d’une étrange folie

Vos ongles grattent, d’abord doucement
La couche de poussière et de toile d’araignée
Dentelle macabre sur mon cœur
Puis, de plus en plus férocement
À mesure que votre frustration de parasites
S’accentue, comme attisée par une odeur inatteignable
De charogne, vous lacérez, lacérez encore

Je vous offre cette carcasse toujours palpitante
Qu’est mon corps, qu’est mon âme…
La voulez-vous ?
Non, car maintenant que je vous brandis ce moi cadavre
Docilement allongé dans mes propres paumes
Vous reculez, verdissant de dégoût

Cela ne m’importe guère, mesdames, messieurs ;
L’animal encagé dans un cirque
Ne se préoccupe jamais des acclamations
Ou des huées
De la foule encore plus bestiale que lui !

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