Je fouille souvent dans mes anciens cahiers de notes, pour voir quels sujets m'intéressaient, quels lieux et quelles ambiances m'inspiraient... Et j'ai remarqué que rien, strictement rien n'a changé depuis les nombreuses années où j'ai commencé à écrire. Je pourrais résumer l'ensemble de mon parcours en un seul mot : "sombre".
Ce que j'écris ou prévois écrire se déroule presque toujours en pleine campagne, ou dans les quartiers mystérieux des villes anciennes. Je suis fascinée depuis toute petite par les orphelinats, les phares, les églises, les trains et les asiles. Des lieux que je trouve pourtant maltraités dans un grand nombre de productions artistiques, qui à mon avis gaspillent le potentiel de ces endroits.
Mes personnages principaux sont le plus souvent des gens pauvres. Et tordus. Avec des bibittes en-dedans d'eux. De grosses bibittes, cachées ou pas.
Moins souvent riches, mais tout autant tordus.
J'ignore pourquoi, mais quand je crée un personnage vulnérable, ses cheveux sont blonds, presque blancs, et ses yeux sont bleus ou gris. Je n'y réfléchis pas, c'est automatique.
Ils sont aussi tous haineux envers quelqu'un, quelque chose, une situation, un événement passé... que sais-je. Haineux, parfois sans le réaliser.
Mes recherches documentaires se concentrent autour des maladies mentales, les troubles post-traumatiques, des malformations congénitales, des maladies rares, des prisons, des méthodes de torture, des sectes et des prisons.
Mes thèmes se répètent aussi, mais je m'efforce de les exploiter de façon différente.
Les secrets de famille. La folie. La vengeance. La monstruosité. La fuite. La peur. La solitude.
Que des thèmes sombres. Je n'écrirai jamais un roman dont l'objectif est de prouver que "l'amour est plus fort que tout", que "quand on veut, on peut", que "l'espoir et l'amitié guérissent la maladie". Non. Mon genre, c'est plutôt que dire que l'amour se termine par un meurtre ou une névrose quelconque, que la volonté est continuellement déçue et que l'amitié est un pansement inutile qu'il retarde l'heure du trépas. Voilà. Même quand j'avais dix ans et que j'écrivais des minuscules histoires dans un cahier tout aussi minuscule, je construisais des intrigues ou les gens se faisaient assassiner, dévorer et violer. Je préfère largement explorer les thèmes sombres aux thèmes plus gais. "Tout est mal qui finit mal". Voici ce qui dicte à peu près 90% de mes textes et de mes idées. Si ça me déprime ? Non, pas du tout. Ça me fascine. Les morales heureuses, les lumières subites, les espoirs qui revigorent et les amis qui aident à surmonter les épreuves... m'ennuient profondément.
Les scènes auxquelles je prends le plus de plaisir à écrire sont celles des descriptions de lieux lugubres, de fosse commune (au sens propre et figuré), de la folie qui s'exprime à l'état physique, et de la dérive des pensées et des agissements.
Un jour, j'ai essayé de m'auto-psychanalyser à travers mes idées, pour finalement en arriver à cette seule certitude : le côté sombre de la vie me captive parce que c'est de même, point.
Grosse analyse, je sais.
Sur ce, je réalise qu'il commence à se faire tard et que je devrais peut-être songer à me coucher. Sauf que je sens mon inspiration rudement élastique* ce soir. Dans ces cas-là, impossible de dormir. On verra ce qui adviendra de mon sommeil.
p.s : En lisant une incroyable aventure (évidemment) d'Arsène Lupin, je suis tombée sur cette expression qui m'est restée dans la tête. Vous pardonnerez ce léger plagiat de style.
Bien à vous mes très chers (élan d'affection occasionnel)
1 commentaire:
L'écrivain, l'écrivaine qui poursuit une quête véritable, c'est un cliché qui se vérifie, réécrit constamment le même livre, un livre après l'autre, tout au long de sa vie; ou, en tout cas, son œuvre en est une de recherche approfondie au sein des domaines qui le touchent, qu'il connaît - le ou la. il ou elle.
C'est normal. C'est là que la substance est. Il n'y a pas d'autre voie valable.
Enchanté de te rencontrer.
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